AVIS - RENTRÉE SCOLAIRE : LES ÉTUDIANTS NOIRS QUI FRÉQUENTENT LES CLUBS DU CENTRE-VILLE DOIVENT ÊTRE VIGILANTS FACE AU PROFILAGE RACIAL
Montréal, le 5 septembre 2010 --- Avec la rentrée scolaire, le CRARR invite les étudiants des universités et cégeps qui sont noirs ou bruns (d'origine arabe, latino, etc.) et qui fréquentent les clubs et les bars dans le centre-ville de Montréal, à être vigilants lorsqu'ils sont accostés par la police, notamment ceux du groupe Éclipse.
Mis sur pied en 2008 avec l'aide du gouvernement du Québec dans le cadre de la lutte contre les gangs de rue, le groupe Éclipse du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) est connu pour ses pratiques d'interpellation qui ont pour conséquences de cibler les jeunes Noirs et ceux à couleur de peau foncée, afin de vérifier leur identité dans les clubs et bars du centre-ville. Le mot « Éclipse » est écrit sur les véhicules de police.
Selon les cas rapportés et qui ont été soumis à la Commission des droits de la personne, le CRARR a cerné plusieurs techniques d'interpellation du groupe Éclipse qui constituent à toute fin pratique, du profilage racial. Par exemple, dans plusieurs cas, seuls les jeunes hommes noirs sont interpellés dans les clubs pour des fins de contrôle d'identité, sans être informés du motif d'interpellation. Leurs coordonnées sont ensuite enregistrées par la police. Ces jeunes hommes peuvent être l'objet de fouille; le défaut de produire leur carte d'identité après plusieurs demandes policières peut mener à une arrestation et une accusation d'entrave.
Dans d'autres cas, des jeunes hommes de couleur qui insistent sur leurs droits d'être informés du motif d'interpellation sont relâchés dans les clubs mais dès qu'ils y sortent et entrent dans leur voiture, ils sont interpellés. Certains sont également pénalisés pour violations des règlements municipaux tels le fait de ne pas marcher sur le trottoir; de parler fort, de gêner la circulation des piétons, etc. Dans quelques cas gérés par le CRARR, les victimes ont rapporté que les policiers disent explicitement à ces jeunes Noirs le but de leur interpellation, à savoir que la majorité des membres de gang de rue sont Noirs, d'où la pratique d'interpeller surtout les jeunes hommes noirs dans les clubs.
Selon les éléments recueillis, les jeunes hommes noirs et bruns sont particulièrement vulnérables aux interpellations policières notamment dans le centre-ville, les clubs et bars sur les rues Crescent, Saint-Laurent, Saint-Denis et Ontario.
Des études récentes ont démontré que le SPVM interpelle de manière disproportionnée les hommes noirs, notamment dans les quartiers dits sensibles et ayant un taux de criminalité élevé. Il y a deux semaines, un rapport interne du SPVM qui a coulé dans les médias révèle qu'à Montréal-Nord, par exemple, le taux d'interpellation des Noirs en 2006-2007 était de 38 % comparé au taux de 6 % pour les personnes blanches. Malgré ces données, le maire et les autorités municipales ont toujours nié que le profilage racial existe à Montréal.
« Pour plusieurs étudiants noirs et bruns qui viennent à Montréal pour étudier ainsi que pour les cégepiens qui atteignent 18 ans et qui sortent pour la première fois dans les bars et clubs, cela peut être un réveil brutal, lorsqu'ils réalisent comment leurs libertés et leurs droits fondamentaux sont systématiquement contrôlés par la police », constate Me Aymar Missakila, avocat du CRARR.
« Les célébrations de la rentrée scolaire peuvent devenir traumatisantes et coûteuses pour plusieurs jeunes hommes noirs et bruns à Montréal à cause du profilage racial. Les visiteurs noirs doivent faire également attention », conclut-il.
INFORMATIONS GÉNÉRALES
EN CAS D'INTERPELLATION DANS UN CLUB
EN CAS D'INTERPELLATION DANS UNE VOITURE
SI VOUS VOULEZ PORTER PLAINTE CONTRE UN POLICIER
Pour renseignements et assistance, contactez le bureau étudiant d'information juridique de votre université ou cégep, ou le CRARR : crarr@primus.ca
Cet avis fait partie du Projet d'information aux étudiants sur les droits de la personne (PIED), une initiative mise sur pied par le CRARR en 2010 en partenariat avec les associations étudiantes des universités McGill et Concordia, dans le but de les informer de leurs droits et de leur assurer un milieu éducatif urbain sécuritaire.