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LA VAGUE ORANGE ET L'INCIDENCE DE LA DIVERSITÉ SUR LA POLITIQUE CANADIENNE


Montréal, 30 mai 2011

On a beaucoup parlé de la vague orange des élections fédérales du 2 mai dernier et de la manière dont elle a changé le visage politique de notre pays.

Les politologues et les observateurs des médias ont largement commenté le nombre de premières fois pour l'histoire politique récente du Canada : Québec étant sous-représentée dans un gouvernement fédéral après le retour de seulement cinq députés conservateurs; le NDP devenant l'opposition officielle et lavant le Parti Libéral; la décimation du Bloc Québécois et les débuts parlementaires du Parti Vert par l'entremise de l'élection d'Elizabeth May.

On a également beaucoup parlé de ces jeunes étudiants emportés par la vague orange qui sont devenus des « députés accidentels », après avoir seulement apparu comme des noms et des photos pour que le parti gère une liste complète de 308 candidats (et comme moyen d'obtenir des subventions fédérales de 2 $ par vote reçu).

La présence de neuf députés autochtones des deux côtés de la Chambre des communes est une autre première historique. De plus, les deux membres du cabinet des Premières Nations, Leona Aglukkaq and Peter Penashue, détiennent maintenant des portefeuilles principaux au ministère de la Santé, au ministère des Affaires intergouvernementales et du président du Conseil privé du Canada, respectivement. Le fait qu'un ancien président de la nation innue de Terre-Neuve-et-Labrador devienne le président du Conseil privé de la Reine est une réalisation symbolique considérable qui est porteuse d'avenir.

Le fait que 76 femmes aient maintenant réussi à  se faire élire à  la Chambre des communes est une autre ouverture dans la politique canadienne et est importante en termes de style et de substance du Parlement. Les femmes changent et changeront le statu quo dans un endroit qui a longtemps été dominé par des hommes blancs âgés et riches. Ces nouvelles députées serviront également de modèles pour une génération de filles qui ont grandi avec Britney Spears ou Rihanna et qui ne croient plus à  l'égalité entre les genres dans un monde post-féministe.

Un problème n'a pas été traité adéquatement et il s'agit de la composition ethnoraciale du 41e Parlement et la profonde incidence sur la dynamique politique et la politique publique du Canada. En effet, pour la première fois dans l'histoire, 29 députés (9 %) proviennent de minorités racisées ou visibles. Presque tous les groupes racisés au Canada sont représentés : les Asiatiques, les Arabes, les Noirs, les Hispaniques et les Sud-asiatiques.

Le Cabinet fédéral détient un record avec ses quatre députés de couleur, preuve de la capacité des Conservateurs d'être un parti inclusif et reflétant le Canada tant urbain que rural. Un député de couleur ne fait désormais plus les manchettes comme étant le premier membre du Cabinet issue d'une minorité visible, comme ce fut le cas pour Jean Augustine. Il est clair que le Parti conservateur a pris le dessus dans les deux plus importantes communautés racisées du Canada, les Chinois et les Sud-asiatiques, particulièrement dans le Grand Toronto, à  Calgary et dans le Grand Vancouver.

De l'autre côté, un stupéfiant 14 des 103 membres du NPD, y compris 10 de Québec sont racisés. Heureusement, l'élection de quatre députés du Québec d'origines arabes diverses, dans les circonscriptions comptant d'importantes populations francophones, répudie les sentiments anti-arabes au Québec. Le caucus du NPD du Québec comprend également trois députés d'origine asiatique, deux Latino-Américains et un Noir (qui est en fait le seul député Noir).

Cette composition peut être un signe que les politiques du NPD et ses efforts de rejoindre certains groupes ethnoraciaux, notamment les Latino-Américains, les Moyen-Orientaux, les Noirs et les Asiatiques de l'Est, ont été aussi fructueux que les tentatives des Conservateurs d'attirer des groupes plus conservateurs et plus avantagés économiquement tels que les Chinois et les Sud-asiatiques. Quant aux deux autres partis, le Bloc Québécois a un taux de représentation minoritaire de 25 % (un député) et les Libéraux, de 5 %.

Le fait que le Parti Libéral soit réduit à  34 députés comptant seulement deux députés racisés reflète, visuellement, son incapacité de représenter, de refléter et de remporter les circonscriptions urbaines où les électeurs racisés et d'origine immigrante sont en croissance.
Pour la première fois depuis 1990, l'image libérale, telle que véhiculée par la composition du son caucus parlementaire, est celle d'un parti des deux peuples fondateurs du Canada. Au bout du compte, elle risque de présenter l'image d'être pris dans l'ère Trudeau et incapable, contre son gré selon certains, d'intégrer une de ses réalisations les plus importantes, le multiculturalisme, dans la fondation pour le futur renouvellement du parti et son succès électoral.

La diversité plus importante de race, d'âge, de classe et de genre générée par la vague orange fait du 41e Parlement du Canada sans aucun doute le plus diversifié depuis la Confédération. Il ne s'agit pas d'un changement superficiel ni d'un accident de l'histoire. C'est une autre page d'histoire et le parti qui saura surfer sur cette vague de changement sera le parti du Canada du 21e siècle.