Fondé en 1983 --Unis pour la diversité et l'égalité raciale

UN PROFESSIONNEL D’ORIGINE ALGÉRIENNE PORTE PLAINTE CONTRE LA VILLE DE SAINT-JÉRÔME POUR DISCRIMINATION RACIALE À L’EMBAUCHE



Montréal, 8 janvier 2016 — Un professionnel de l’urbanisme d’origine algérienne réclame 55 000 $ en dommages à la Ville de Saint-Jérôme pour discrimination raciale dans l’emploi, après que celle-ci ait retenu sa candidature mais qu’elle a fait un revirement complet de sa décision suite à une réunion du comité exécutif de la Ville sous la présidence du maire.

Karim (nom fictif) possède plus de dix-sept (17) ans d’expérience en urbanisme dont neuf ans en Algérie à titre de chef de projet en urbanisme et aménagement du territoire et de directeur des équipements, maintenance et urbanisme d’une grande ville. Suite à son arrivée au Québec en 2006, il s’est installé dans les Laurentides où il a occupé depuis 2007, le poste de responsable du service de l’urbanisme et de l’environnement pour une municipalité de la région.

En février dernier, il a posé sa candidature pour le poste de Chef de la division des permis et des inspections de la Ville de Saint-Jérôme. Karim a réussi toutes les étapes de la sélection, dont une entrevue avec le comité de sélection, un examen écrit de trois (3) heures sur le Code de la construction du Québec, une évaluation psychométrique à l’École National d’Administration Publique (ENAP) et un examen médical.

En mars, il a été informé par une conseillère en ressources humaines également membre du comité de sélection, le félicitant au nom de ce même comité de sélection, de sa réussite en lui souhaitant la bienvenue parmi le personnel de la Ville de Saint-Jérôme. Celle-ci lui fournissait un pré-contrat qu’il a retourné signé, et il a reçu, par la poste, la vignette de stationnement réservée pour les employés de la Ville.

Entre autres, par éthique et loyauté, Karim informe son employeur de son intention de quitter son emploi, un emploi qu’il occupe depuis plus de huit (8) ans.

Cependant, vers la fin-mars, Karim a été avisé par téléphone que le comité exécutif de la Ville remettait l’approbation de sa nomination à une date ultérieure. On lui a même demandé un complément d’information sur les emplois occupés en Algérie. Karim s’est employé à obtenir et à fournir rapidement ces documents.

Lors d’une assemblée publique du Conseil de la Ville, Karim a rencontré le maire Stéphane Maher, qui lui a indiqué que sa candidature serait examinée. Un mois plus tard, il a été avisé par la Ville que sa candidature n’était pas retenue.

En mai, le poste pour lequel il a posé sa candidature était de nouveau affiché. Les conditions pour poser sa candidature ont été revues à la baisse et notamment, le test écrit sur le Code de construction du Québec n’est plus requis. Surpris par ce développement, Karim s’est renseigné auprès des divers représentants de la Ville afin de savoir pourquoi il a été écarté mais il n’a pu obtenir de réponses.

Karim a alors demandé l’aide du CRARR, qui a écrit au maire Maher pour obtenir des explications. Une réponse écrite provenait du nouveau directeur des ressources humaines de la Ville évoque une erreur interne commise par la conseillère en ressources humaines dans la communication de la décision d’embauche de Karim. Dans cette même lettre, il était aussi confirmé qu’aucun candidat n'a été retenu car « aucun n'a complété avec succès l'ensemble des tests et pré-requis ainsi que la vérification des références ».

Le revirement de la position de la Ville de Saint-Jérôme a causé de sérieux préjudices à Karim, dont des problèmes de santé occasionnés par le stress et les incertitudes du processus d’embauche de la Ville.

Considérant ces actes de la part de la Ville comme étant fort irréguliers et discriminatoires, Karim mandate le CRARR pour déposer une plainte pour discrimination auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse.

« Nous soumettons que (Karim) a été victime de discrimination directement reliée à sa race et à son origine ethnique ou nationale, et que la situation d’emploi des immigrants d’origine arabe ou maghrébine au Québec doit être prise en considération dans l’analyse de la plainte, notamment pour ceux et celles ayant des acquis pertinents et valables à l’étranger », note le CRARR dans la plainte.

Karim a entre-temps trouvé un poste à Montréal, où il se rend au travail de Saint-Jérôme chaque jour.

Une tentative de médiation a échoué début décembre. Une enquête se poursuit donc à la Commission.

« Ce cas illustre les difficultés des immigrants issus des minorités racisées ou ethniques à se trouver des emplois à la hauteur de leurs compétences en région, notamment dans la fonction publique », observe le directeur général du CRARR, Fo Niemi.