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UNE CONSULTATION PUBLIQUE EST DEMANDÉE DANS LE CHOIX DU DIRECTEUR DE LA POLICE DE MONTRÉAL


Montréal, le 9 juin 2010 --- Dans une lettre ouverte rendue publique aujourd'hui, le CRARR se joint à la Ligue des droits et libertés du Québec, le RAPSIM et d'autres organismes communautaires pour revendiquer un nouveau processus de nomination du chef de police à  Montréal.

La lettre ouverte, qui est adressée à  Monsieur Gérald Tremblay, Maire de Montréal, Madame Louise Harel, Chef de l'Opposition officielle et Monsieur Richard Bergeron, Chef du 2e parti de l'Opposition Projet Montréal se lit comme suit :

Comme vous le savez, le directeur actuel du Service de police de la Ville de Montréal, M. Yvan Delorme, a annoncé son départ en septembre 2010, cinq ans après son entrée en fonction.

Au cours de ces cinq années, les relations entre les services policiers et la population de Montréal ont été marquées par de nombreux incidents critiques et de sévères remises en question formulées notamment par le Comité des droits de l'homme de l'ONU en octobre 2005. Parmi les incidents qui retiennent plus particulièrement notre attention mentionnons l'intervention policière mortelle à  Montréal-Nord en 2008 et l'émeute qui s'ensuivait ; l'usage mortel des pistolets tasers ; les tactiques judiciaires du syndicat policier qui visent à  empêcher le bureau du Coroner de tenir une enquête publique dans l'affaire Mohamed-Anas Bennis ; les mesures judiciaires dilatoires employées par les avocats de la Ville aux frais des contribuables pour faire échec aux travaux de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) et du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) ; l'adoption sans débat public et les effets des politiques de lutte contre les incivilités et de tolérance zéro ; le dépôt récent d'un avis de la CDPDJ sur le profilage social ainsi que les centaines de plaintes pour discrimination et profilage racial qui ont été déposées auprès de divers organismes de défense des droits de la personne à  Montréal, nous incitent à  poser de sérieuses questions quant aux orientations et aux normes policières dont Montréal devra se doter au cours des prochaines années. Inévitablement, ceci nous force à  réclamer un nouveau processus de sélection du prochain directeur de police de Montréal.

Ce nouveau processus doit être guidé par le respect des droits humains et par des principes de transparence, d'imputabilité, de participation citoyenne et d'inclusion. À l'instar d'autres villes en Amérique du Nord telles Toronto, Seattle, New Orleans, Albany, Greensboro et Seaside, il est essentiel pour Montréal de tenir des consultations publiques et des débats au Conseil municipal de Montréal sur le profil du prochain directeur de police et sur les compétences, les caractéristiques, les connaissances, la vision et la sensibilité que cette personne doit avoir et ce, avant qu'elle ne soit formellement choisie.

Nous considérons ainsi fondamental qu'en cette nouvelle décennie, la sécurité publique municipale ne se discute plus à  huis clos, et que les décisions politiques et mesures relatives au service de police, dont le choix du futur directeur, ne soient plus adoptées sans discussion, consultation et évaluation publique.

De plus, étant donné la gravité des décisions qui peuvent y être prises, nous vous demandons de rendre davantage publiques les travaux des différentes instances intervenant en matière de sécurité publique, à  commencer par ceux de la Commission de la sécurité publique de la Ville de Montréal.

Pierre Gaudreau, Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM)

Dominique Peschard, Ligue des droits et libertés

Fo Niemi, Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR)

Élizabeth Garant, Centre justice et foi

Stephan Reichhold, Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI)