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LA COMMISSION SCOLAIRE SIR-WILFRID-LAURIER DOIT PAYER 30 000 $ À DEUX ÉLÈVES NOIRS ET À LEUR MÈRE POUR RACISME



Montréal, 16 décembre 2020 — C’est au tour de la Commission scolaire Sir-Wilfrid-Laurier de devoir payer à une mère et à ses deux enfants noirs une somme de 30 000 $ en dommages pour son défaut d’agir contre des actes d’agression et de harcèlement racial à l’école, dont l’exposition à des insultes avec le mot « N ».

En 2017, Mme Adrienne Charles, une résidente de Terrebonne, a publiquement dénoncé les gestes d’intimidation et de harcèlement raciste que ses deux fils ont eu à subir depuis plusieurs mois, à l’école McCaig Elementary à Rosemère, où la majorité des étudiants sont blancs. Après le départ du directeur de l’école, une personne de race noire, en 2016, les incidents racistes sont devenus plus explicites et virulents à l’endroit des deux enfants, alors âgés 8 et 11 ans.

Voici quelques exemples de ce que les deux enfants ont eu à endurer :
• Une élève d’origine latino-américaine disait dans l’autobus scolaire où se trouvait son fils aîné, que sa mère parlait des Noirs comme des gorilles;
• Une autre élève dit à un des enfants que les Noirs sont sales et qu’elle ne les toucherait pas. Elle s’est essuyée les mains après avoir serré la main du fils aîné tel que demandé par la directrice adjointe et ce, devant celle-ci et du jeune;
• Son autre fils a été frappé à l’estomac par un élève, qui l’a traité de « N »;
• En février 2017, dans le cadre des activités contre l’intimidation, des élèves blancs ont appelé ses deux fils, des « Golden N » quand ceux-ci sont descendus de l’autobus scolaire.

Son fils aîné s’est souvent plaint, et était excédé des actes d’insultes et d’agressions racistes à l’école, qui ont créé un climat scolaire toxique pour lui et pour son frère. Ces actes d’harcèlement et de violence raciale ont miné la motivation et l’estime de soi des enfants et ont porté atteinte à leur sécurité physique et psychologique.

« Nous avons vécu des mois de stress et d’insécurité constants. En tant que mère, je vivais avec un tel traumatisme que j’en suis arrivée à être épuisée, au point de prendre un congé de maladie », dit Mme Charles.

À plusieurs reprises, Mme Charles s’est plainte auprès de la direction de l’école qui, en retour, se contentait de banaliser les incidents sans prendre les mesures correctrices et préventives qui s’imposaient pour faire cesser la violence raciale contre ses fils. À une occasion, un membre de la direction a réfuté la version de son fils car, selon lui, l’élève qu’il dénonçait était d’origine latino-américaine et donc ne pouvait pas être raciste.

Après avoir dénoncé la situation auprès des médias, Mme Charles a réussi à forcer l’école à envoyer une lettre aux parents pour expliquer à leurs enfants la nature inacceptable des insultes racistes en milieu scolaire. Cependant, cette lettre, qui vantait les valeurs du multiculturalisme, de la tolérance et de la diversité, ne traitait pas des actes de racisme anti-noir dont étaient victimes ses enfants.

Selon Mme Charles, la présidente de la Commission scolaire à l’époque, aujourd’hui élue à l’Assemblée nationale, aurait dû agir plus diligemment et concrètement contre l’intimidation raciste subie par ses fils.

« Alors que nous sommes devant un problème de racisme anti-noir violent, on me parlait de tolérance et de célébration de la diversité ou de lutte contre l’homophobie. J’étais et je suis encore très déçue du manque d’actions efficaces de la part de la Commission scolaire pour protéger mes fils », déplore Mme Charles.

Mme Charles a sollicité l’aide du CRARR pour déposer une plainte devant la CDPDJ, qui, après trois ans d’enquête, a conclu que ses enfants ont été victimes de discrimination et de harcèlement fondés sur la race et la couleur. La CDPDJ réclame de la CSSWL et de trois membres de la direction de l’école, 12 000 $ en dommages moraux pour chaque fils, et 6 000 $ pour elle, pour un total de 30 000 $.

En outre, la CDPDJ demande à la CSSWL de s’engager à prendre des mesures afin d’assurer la mise en œuvre effective de son plan de lutte contre l’intimidation, en offrant une formation à tous les membres du personnel sur une base continue.

« Comme le cas du racisme en milieu scolaire que nous avons présenté récemment, ce cas démontre qu’il faut adopter des solutions systémiques à des problèmes systémiques. Les centres de service scolaire et le ministère de l’Éducation doivent en prendre note », souligne M. Niemi.

La CSSWL avait jusqu’au 4 décembre dernier pour se conformer aux mesures demandées par la CDPDJ. Étant donné qu’elle a refusé de le faire, le cas sera porté devant le Tribunal des droits de la personne.

Mme Charles prévoit déposer d’autres plaintes au nom de ses fils pour d’autres actes d’intimidation et d’insultes racistes subis par ses fils en 2018 et 2019.