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DES GROUPES ET LE CONSEILLER MUNICIPAL MARVIN ROTRAND DEMANDENT AU SPVM DES DONNÉES BASÉES SUR LA RACE



Montréal, 21 mai 2020 — Deux organismes de la communauté noire et le CRARR se joignent au conseiller municipal Marvin Rotrand pour demander au Service de police de la Ville de Montréal (le SPVM) de recueillir des données basées sur la race et faire rapport sur les interpellations policières, dont celles reliées à la distanciation sociale.

Monsieur Rotrand présentera une résolution à la réunion du Conseil municipal de Montréal, le lundi 25 mai prochain, afin de demander au SPVM de recueillir les données sur la race dans toute interaction avec des citoyens, comme toute interpellation de piétons ou conducteurs, et toute arrestation ou accusation pouvant en résulter, ainsi que toute situation impliquant l’usage des armes.

La résolution, qui est appuyée par Mme Giuliana Fumagalli, mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc Extension, demandera également au Conseil municipal de mandater le comité exécutif pour mettre sur pied un comité consultatif composé d’experts et de représentants de la police et des communautés qui sera chargé d’élaborer une politique sur la collecte et le traitement de ces données. L’objectif sera de mesurer la corrélation qui peut exister entre la race et la fréquence et la nature des interpellations policières.

Cette question a pris une toute nouvelle importance avec la pandémie de COVID-19 et les règles de confinement. En effet il y a lieu de se demander si les billets de contravention émis pour non-respect des règles de confinement et de distanciation pourraient disproportionnellement toucher les hommes de couleur et les résidents de quartiers défavorisés.

« Bien que nous comprenions que la COVID-19 ait changé les priorités du SPVM, elle ne réduit cependant pas l’engagement de celui-ci à adopter une politique pour mettre fin aux interpellations discriminatoires des piétons et des conducteurs en raison de leur race », dit M. Rotrand. « Cette résolution non-partisane est un rappel que le profilage racial par les policiers du SPVM demeure une des grandes préoccupations du Conseil municipal et que nous devons agir maintenant plus que jamais », ajoute-t-il.

L’automne dernier, le Conseil municipal de Montréal avait adopté une résolution demandant au SPVM de mettre fin aux interpellations discriminatoires et le SPVM avait promis de présenter une politique au mois de mars 2020.

Par ailleurs, en décembre 2019, plusieurs groupes s’étaient joints à M. Rotrand et à d’autres conseillers indépendants pour demander publiquement au SPVM de recueillir des données sur la race des personnes interpellées. Toutefois, la crise de la COVID-19 a mis cette question au rancart.

Selon Alain Babineau, conseiller du CRARR, « Les données fondées sur la race constituent un outil indispensable pour mesurer l’amplitude du problème et mettre en œuvre des solutions. Nous avons besoin de ces données pour documenter de manière quantitative le profilage racial, sa nature, sa portée et sa distribution géographique. Nous devons savoir qui est interpelé, pénalisé, arrêté, accusé et acquitté ou trouvé coupable, afin de pouvoir agir ».

« La crise de la COVID-19 ne peut pas être une excuse pour reléguer aux oubliettes l’obligation du SPVM d’adopter une politique contre le profilage racial, tout particulièrement en considération de la situation nouvelle que constituent les pénalités draconiennes imposées pour les infractions aux règles de distanciation », dit M. Babineau.

« La collecte de données basées sur la race, que ce soit pour la police ou pour la santé publique, a un but unique: une meilleure documentation, une meilleure évaluation, une meilleure planification et de meilleurs services. C’est la leçon de la COVID-19 et c’est ce que plusieurs d’entre nous demandent tant de la police que des autorités de la santé », précise Mme Tiffany Callender, directrice générale de l’Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges (ACNCDN).

« Nous sommes disproportionnellement touchés par le profilage racial, les inégalités sociales et économiques et le coronavirus. On le voit et on le vit sur le terrain. Les données basées sur la race permettront de montrer comment ces problèmes touchent nos communautés », dit-elle.

L’Association jamaïcaine de Montréal (JAM) appuie également la résolution de M. Rotrand.

« La résolution demande la création d’un groupe de travail comprenant des experts ainsi que des représentants des policiers et des communautés. Nos communautés, particulièrement les communautés noires anglophones, n’ont pas eu, depuis des années, l’opportunité de participer activement dans la planification, la formation, l’évaluation et la surveillance des services de police. Nous aimerions changer cela et avoir une voix dans la recherche de solutions », note Mme Sharon Nelson, première Vice-présidente de l’AJM.