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VICTIME D’AGRESSION RACISTE AU TRAVAIL, UNE JEUNE FEMME ARABE DÉPLORE L’INTERVENTION BIAISÉE DE LA POLICE



Montréal, 13 novembre 2019 — Une jeune femme arabe questionne la manière dont elle a été traitée par la police et par son ancien employeur après avoir été agressée et insultée avec des propos racistes par une cliente dans un magasin Walmart où elle travaillait comme caissière.

Nabila (nom fictif), 18 ans et d’origine marocaine, travaillait à temps partiel au magasin Walmart situé au 3121 avenue de Granby, à Montréal, depuis le mois de juin 2018.

En juin dernier, une cliente d’origine québécoise, qui fréquente souvent le magasin, se présente à sa caisse et essaie à trois reprises sans succès de payer ses achats avec une carte. Quand Nabila lui suggère de bien insérer sa carte, la cliente devient agressive et lui lance : « ferme-la donc ou je vais t’en crisser sur la gueule ».

Craignant l’agressivité de la cliente, Nabila lui lance la facture pour éviter d’être trop proche d’elle. La cliente se jette sur elle et l’agrippe violemment par les bras. La cliente demande ensuite à Nabila son nom, et celle-ci le lui donne. Dès qu’elle entend le nom, la cliente s’écrie : « t’es une ost* de sale arabe, décal*sse chez vous ». Deux autres collègues, elles aussi d’origine arabe, viennent assister Nabila et éloigner la cliente pour l’empêcher de frapper de nouveau Nabila.

Nabila apprend ensuite que cette cliente a déposé une plainte criminelle contre elle. Cette plainte ainsi que la plainte de Nabila déposée contre la cliente sont actuellement dans les mains d’un procureur de la Couronne.

L’enquête policière comporte d’autres aspects problématiques. Ainsi, des trois témoins clé, une collègue de travail d’origine arabe n’a pas été contactée par les enquêteurs pour obtenir sa version. Au début de l’enquête, les policiers ont dit avoir perdu l’enregistrement vidéo de l’incident remis par le magasin; ensuite l’enquêteur policier n’a obtenu qu’un enregistrement qui, selon lui, est flou, alors que tout autour des caisses, il y a plusieurs caméras.

« Dès leur arrivée, je constate que les policiers étaient plus sympathiques à l’endroit de celle qui m’a attaquée et ils se comportent comme s’ils ne croient pas ma version, ni celle de trois témoins sur place, qui ont tout vu et entendu », dit-elle.

« Le fait qu’un policier me dit que les « propos racistes ne sont pas punis par la loi » montre soit l’ignorance totale de la Charte des droits, soit un biais favorable à une Québécoise plus âgée qui agresse une jeune Arabe de 18 ans », ajoute-t-elle.

« C’est le devoir de la police de fournir une protection adéquate à une jeune femme victime d’un crime haineux, ce qui n’a pas été fait », déclare le directeur général du CRARR, Fo Niemi. « C’est exactement ce genre de situation qui décourage les victimes de crime haineux d’aller se plaindre à la police. Notons que son ex-employeur n’a pas bien agi non plus », dit-il.

« Le cas de Nabila est loin d’être unique. Le CRARR reçoit de plus en plus de cas de personnes racisées, notamment les femmes, qui constatent qu’elles ne sont pas traitées avec équité et sensibilité lorsqu’elles sont victimes d’actes de violence ou de crime haineux », conclut M. Niemi.

Le CRARR a reçu un mandat d’assister Nabila à dans la défense de ses droits et il déposera des plaintes dans les jours à venir.

À ce moment, la cliente soulève sa caisse de 12 bouteilles d’eau au niveau de sa tête, et la dirige en direction de Nabila, en disant : « tu vas voir, tu vas voir », en riant. Les collègues de Nabila éloignent alors celle-ci de la cliente dont ils craignent une attaque physique dangereuse.

Nabila appelle alors la police tandis que la cliente sort rapidement du magasin. Trois policiers se présentent au magasin quelques minutes plus tard.

Tour à tour, les policiers demandent à Nabila sa version des faits et s’enquièrent si elle souhaite porter plainte. Un agent lui dit : « Les propos racistes ne sont pas punis par la loi ». Quand elle dit aux policiers que la cliente l’a agrippée par les bras et l’a menacée de lui lancer la caisse d’eau à la tête, une policière lui dit que la cliente a dit aux policiers qu’elle avait mal au bras, insinuant que Nabila en était responsable. Tout au long de leur intervention, les policiers ont refusé de croire que Nabila avait été agressée et ils l’ont découragée de porter plainte contre la cliente.

Une policière informe Nabila que la cliente a porté plainte contre elle et que si elle porte plainte, « tu seras en état d’arrestation et tu passeras la nuit au poste jusqu’à ce que la Cour décide ».

Quand son père arrive et voit sa fille dans un état de crise d’asthme et d’angoisse, il veut appeler une ambulance, mais les policiers lui disent que ce n’est pas nécessaire parce que Nabila a « l’air bien aller ». Le père appelle quand même,une ambulance et Nabila est transporté à l’hôpital Santa Cabrini où on lui donne une prescription d’arrêt de travail de 3 jours.

Quelques jours après, Nabila reçoit un appel d’un enquêteur du SPVM qui continue à remettre en question sa version des faits et qui lui dit même que la cliente a été blessée, a saigné et a des ecchymoses. Cette affirmation est en contradiction flagrante avec le fait que Nabila n’a jamais touché son agresseure, ainsi que des témoins pourraient en témoigner.