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L’AMIE DU CONDUCTEUR NOIR DEMANDE UNE ENQUÊTE SUR L’USAGE DE LA FORCE POLICIÈRE À L’ENDROIT DES PERSONNES RACISÉES



Montréal, 28 juin 2018 — Après que son ami ait été aspergé de poivre de cayenne à bout portant et arrêté par des policiers de Montréal lors du week-end du Grand Prix, une femme noire dépose actuellement des plaintes et demande une enquête sur l'incident et sur la problématique du lien entre la race et la force policière excessive déployée par des policiers du SPVM.

Comme on voit dans la vidéo qui a été rendue virale en ligne le 10 juin dernier, Daniel Louis a été aspergé de poivre de cayenne par un policier lorsqu'il était encore au volant dans sa voiture. Il a été ensuite extrait violemment de sa voiture et arrêté par au moins trois policiers. La personne qui a filmé l'incident a également été aspergée au poivre de cayenne.

L'amie de M. Louis, Gertrude Dubois, assise dans le siège du passager, a dû sortir du véhicule afin de s'échapper au poivre de cayenne et reprendre son souffle. Elle a été immédiatement menottée par deux policiers, et poussée sur le capot de la voiture. Elle a été ensuite détenue dans une voiture de police pendant plusieurs minutes, une expérience qu'elle qualifie de « profondément traumatisante ».

« Cela m'a pris presque deux semaines pour me remettre de ce qui m’est arrivé », dit-elle. « C’est en discutant avec le CRARR que j'ai réalisé qu'il y a peut-être un lien entre ma race et la force excessive employée par les policiers à mon égard et à l'égard de mon copain », selon Mme Dubois.

« Cet incident me dépasse, notamment à cause de la manière dont mon ami a été aspergé et arrêté sans aucune justification et la manière violente dont j'ai été traitée », dit-elle.

Selon un porte-parole du SPVM, M. Louis a été interpellé pour avoir klaxonné. D'après ce porte-parole, il a refusé de coopérer avec les policiers et sa voiture aurait heurté le vélo d’un policier, deux affirmations que Mme Dubois conteste vigoureusement. On dit également que les policiers ont menotté Mme Dubois afin de la contrôler car elle était « désorientée ». M. Louis a reçu deux billets de contravention et deux accusations criminelles (d'entrave au travail policier et d’avoir résisté à l'arrestation).

Mme Dubois et le CRARR lancent un appel à la Ville de Montréal afin d'examiner la problématique de la force policière excessive déployée à l'égard des personnes noires et racisées.

Alors que la Ville a entrepris des consultations publiques sur le profilage racial en juin 2017, ces audiences n'ont pas traité la force policière excessive. Par ailleurs, le sort des recommandations émanant de ces audiences, adoptées en septembre 2017, demeure inconnu.

« Il existe de plus en plus de preuves dans d'autres juridictions nord-américaines sur le lien entre la force policière excessive et la race, qui nous aidera à mieux cerner pourquoi et comment le poivre de cayenne a été utilisé et pourquoi Mme Dubois a été violemment détenue et menottée malgré l'absence de tout motif pouvant justifier une telle force », constate Al Babineau, un stagiaire en droit au CRARR.

En raison de son expérience bouleversante, Mme Dubois apporte son soutien à la pétition pour une consultation publique sur le racisme et la discrimination systémiques, qui a été lancée au mois de mai par Balarama Holness avec l'appui du CRARR.

« Aujourd'hui, je fais appel à tous les Montréalais et à toutes les Montréalaises, notamment les Montréalais de race noire, pour qu'ils signent cette pétition dans le but de demander des actions concrètes de la Ville contre le racisme systémique dans les services de police », ajoute Mme Dubois.

« C'est notre devoir moral, social et légal de demander et d'obtenir des mesures contre le racisme systémique, que j'ai personnellement vécu », conclut-elle.

« L'usage discriminatoire de la force lors d'une intervention policière auprès de personnes noires et d'autres personnes racisées n'est pas dans le radar de la Ville et du Gouvernement du Québec. Nous espérons que la consultation publique examinera cette question », précise M. Holness.

« Il y a trop de personnes noires et d'autres personnes marginalisées qui ont souffert ou sont même décédées à cause la force policière excessive,” de conclure M. Holness.

Le CRARR assistera Mme Dubois dans ses plaintes en déontologie policière et en matière de droits de la personne.