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ABSENCE DE LA DIVERSITÉ À LA DIRECTION DE LA COMMISSION DES DROITS DE LA PERSONNE, LE CRARR INTERPELLE LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE



Montréal, 30 janvier 2018 — La récente nomination d’un cadre supérieur de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse soulève de sérieuses questions quant à l’obligation légale de celle-ci de respecter la représentation équitable de la diversité raciale et ethnique dans l’emploi, tout particulièrement au niveau des postes de cadres supérieurs.

C’est pourtant cette équité et cette diversité que la Commission prêche aux employeurs du Québec.

Le CRARR a appris que la Commission vient de recruter une nouvelle directrice de sa division des enquêtes. Auparavant directrice générale de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtone disparues et assassinées, la nouvelle directrice des enquêtes est Québécoise francophone, tout comme 10 des 12 autres cadres supérieurs. En ce qui concerne les 2 autres postes, l’un est vacant et l’autre est occupé par un membre d’une minorité ethnique.

Les deux vice-présidents, messieurs Camil Picard et Philippe-André Tessier, sont aussi des Québécois francophones. La présidente en titre de la Commission, Me Tamara Thermitus, d’origine haïtienne, est en congé-maladie depuis l’automne dernier et elle est remplacée temporairement à la présidence de la Commission par M. Picard.

L’absence de la présence de minorités visibles, d’autochtones et d’anglophones parmi les cadres de la Commission peut être la preuve d’une discrimination systémique dans l’emploi au sein même de l’organisme.

Il faut rappeler qu’outre l’application de la Charte des droits et libertés de la personne, la Commission a, entre autres, la responsabilité d’assurer la mise en œuvre de la Loi sur l’accès à l’égalité en emploi dans des organismes publics en vertu de laquelle tout organisme public ou parapublic de plus de 100 employés, incluant les institutions de services sociaux et de la santé, les commissions scolaires, les sociétés d’État et les municipalités, doivent pratiquer l’égalité à l’emploi pour les femmes, les autochtones, les minorités ethniques, les minorités visibles et les personnes vivant avec un handicap.

Le CRARR a récemment écrit au président de la Commission par intérim, M. Picard pour lui exprimer sa préoccupation face à l’absence d’avocats anglophones et/ou racisés au sein du service des enquêtes et du service du contentieux de la Commission. Le CRARR a souligné l’impact négatif de cette sous-représentation dans le traitement des plaintes de racisme, et en particulier dans les cas de plaintes provenant de personnes noires et anglophones. À ce jour, le CRARR n’a pas reçu de réponse à sa lettre.

« Cela nous préoccupe beaucoup de constater que les minorités racisées, les anglophones et les personnes autochtones soient aussi peu représentées au sein du personnel et des cadres supérieurs d’une commission des droits qui est, ou devrait être, de par la Charte qui l’a créée, le fer de lance de la lutte contre la discrimination raciale, notamment la discrimination systémique » a déclaré M. Fo Niemi, directeur général du CRARR.

« Ce déficit de représentativité est une aberration qui, d’une part, compromet la crédibilité de la Commission dans sa mission de promouvoir l’égalité dans l’emploi pour les minorités auprès des employeurs et qui, d’autre part, peut expliquer les lacunes qui existent depuis plusieurs années dans le traitement des plaintes de racisme systémique », dit M. Niemi.

« Pourtant, on est en 2018, et le siège social de la Commission se trouve au cœur de la métropole », précise-t-il. « C’est un très mauvais message que la Commission envoie à tout le monde ».

Le CRARR s’adressera à la ministre de la Justice et au Président de l'Assemblée nationale afin qu'ils exigent que la Commission mette en œuvre des mesures d’accès à l’égalité dans l’emploi pour les minorités racisées, les autochtones et les anglophones au sein de la direction et du personnel de l’organisme.