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UN EX-GESTIONNAIRE DE L'OFFICE MUNICIPAL D'HABITATION DE LAVAL DÉNONCE L'INTERDICTION DE PARLER ESPANOL ET ANGLAIS AU TRAVAIL



Montréal, 31 octobre 2017 — Un ex-gestionnaire de l'Office municipal d'habitation de Laval, d'origine latino-américaine, dénonce l'interdiction décrétée par la direction de l'organisme auprès des employés hispanophones et anglophones de se parler dans leurs langues pendant les heures de travail, même dans les conversations privées.

Walter Romeo Rivera Tamacas, qui a dénoncé cette directive discriminatoire, a travaillé à l'OMHL de juin 2014 à mai 2017 à titre de Directeur adjoint, responsable du Développement et projets spéciaux. D'origine salvadorienne, il est trilingue (français, espagnol et anglais) et a fait des études en administration des affaires, en urbanisme et en géographie à Montréal. Au cours des 12 dernières années il a occupé des postes d'inspection et de supervision au sein de plusieurs municipalités dont Mirabel, Rigaud et Hampstead, avant de se joindre à l'OMHL.

Dans son milieu de travail, deux employées d'origine latino-américaine communiquaient entre elles en espagnol, et deux autres, issues de minorités ethniques, en anglais. L'ancien directeur général de l'OMHL n'acceptait pas les commentaires négatifs ou les plaintes provenant périodiquement de quelques employés d'origine québécoise, concernant l'usage de l'anglais ou de l'espagnol dans les conversations privées de ces employées. Une technicienne en particulier avait fait le commentaire que l'usage de l'espagnol était seulement pour les vacances dans le sud et non au travail.

Avec la nomination de la nouvelle directrice générale au mois d'août 2016, l'attitude face à l'usage de l'espagnol et de l'anglais dans les conversations privées a complètement changé.

En novembre 2016, la direction de l'OMHL, dont les trois directeurs, a émis une directive non écrite interdisant aux employés hispanophones de se parler entre eux en espagnol, durant les heures du travail, même lors des conversations privées, sauf pendant la période du dîner.

Les employés issus des minorités ethniques se sentaient sous surveillance constante et devaient subir les regards désapprobateurs et les commentaires comme « au Québec, on travaille en français ».

M. Rivera Tamacas a alors rencontré chacun des trois directeurs pour leur exprimer qu'il considérait cette restriction comme discriminatoire et illégale, tout en déplorant le fait qu'il n'ait pas été consulté, en tant que directeur adjoint.

L'anglais ayant été interdit, mais toléré pour communiquer avec des fournisseurs, les employés qui l'utilisaient ont reçu un avertissement direct de la part de l'un des directeurs.

Ne pouvant supporter ce climat de travail toxique et se sentant traité de manière discriminatoire, M. Rivera Tamacas a démissionné de son emploi à l'OMHL au mois de mai 2017. Il a par la suite obtenu un poste d'inspecteur dans une municipalité bilingue à Montréal. Il a accepté une baisse de salaire et de rang, mais il a retrouvé le respect et la dignité dans son nouveau milieu de travail.

En août dernier, M. Rivera Tamacas a informé par écrit le président l'OMHL, Nicolas Borne, également conseiller municipal, et la vice-présidente, la conseillère Sandra Desmeules, du motif de sa démission, à savoir la « répression discriminatoire » dans son milieu de travail, qualifiant l'interdiction linguistique de violation de la Charte des droits et libertés de la personne ainsi que de non-respect des valeurs et de la mission de l'OMHL. Également il déplore l'absence d'un code d'éthique et de déontologie pour les cadres et les employés de l'OMHL semblable au Code pour le personnel de la Ville de Laval.

« Je déplore profondément que des employés d'un OMH doivent vivre encore ce genre de situation de racisme dans leur travail à Laval en 2017, où il existe un très grand nombre des locataires d'OMHL et de résidents de la ville qui sont issus des minorités ethniques, des groupes racisés et de la communauté anglophone », a écrit M. Rivera Tamacas.

« Une telle interdiction, accompagnée d'avertissements de la direction et d'autres agissements intimidants de la part des employés issus de la majorité québécoise, démontre que l'OMHL, sous la gouverne de la Ville de Laval, ne respecte pas la diversité et l'équité dans l'emploi », ajoute-il.

Selon le directeur général du CRARR, Fo Niemi : « Cette situation est fort préoccupante, surtout pour une ville qui a reçu, en août dernier, 1 million $ du Gouvernement du Québec pour « édifier une société plus accueillante et inclusive à Laval », en plus d'être liée par la Loi 143 l'obligeant à mettre en œuvre des mesures d'accès à l'égalité dans l'emploi ». (http://www.midi.gouv.qc.ca/fr/presse/communiques/com20170829.html)

Le CRARR aidera M. Rivera Tamacas à déposer une plainte auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, pour discrimination fondée sur l'origine ethnique ou nationale et la langue.

Selon les données du Recensement 2011, les anglophones, à 82 200, composaient 21 % et les immigrants, à 96 600, 24,6 % de la population de Laval (401,500). La moitié des immigrants appartenaient aux minorités visibles. Les Arabes, les Noirs et les Latino-Américains formaient 15,8 %, 13,7 % et 7,4 % respectivement de la population de minorités visibles.