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LES ORGANISMES ARTISTIQUES ISSUS DES MINORITÉS DÉNONCENT LE RACISME SYSTÉMIQUE DANS L’OCTROI DE SUBVENTIONS CULTURELLES AU QUÉBEC



Montréal, 4 octobre 2017 — En coupant et gelant les subventions à plusieurs organismes artistiques issus des minorités à Montréal, le Conseil des arts et des lettres du Québec s’engagerait dans des pratiques de racisme systémique qui menacent leur survie et qui exposent les artistes racisés à de sérieuses difficultés économiques, culturelles et sociales.

Lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui, plusieurs organismes œuvrant auprès des artistes asiatiques, latino-américains, moyen-orientaux, noirs et sud-asiatiques et servant le grand public multiracial de Montréal, unissent leurs voix sous la bannière du Réseau des artistes pour l’équité pour dénoncer publiquement le CALQ, pour ses choix budgétaires récents qui les affectent disproportionnellement.

Plusieurs organismes des arts de la scène, tels Teesri Duniya Theatre et Festival Accès Asie, se sont vu refuser des subventions à 100 %, tandis que d’autres, tels Sinha Danse, font face à une réduction de 25 % à 50 %, ou à 0% d’augmentation de leur financement (dans le cas du Black Theatre Workshop et Zab Maboungou/Compagnie Danse Nyata Nyata) par le CALQ. D’autres organismes n’ont pas déposé de demandes de subvention car ayant été souvent refusés dans le passé.

Les raisons du CALQ varient. Dans le cas de certains organismes, pourtant reconnus et subventionnés par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts de Montréal, le CALQ cite un « manque de qualité professionnelle » et des problèmes de gouvernance.

« Le temps est venu pour nous, les organisations artistiques liées à la diversité culturelle de faire valoir notre juste place dans l’écologie culturelle québécoise et il semble que dans les faits, le nouveau Plan d’action pour la diversité culturelle du CALQ n’en tienne pas compte; un état de choses que nous dénonçons vivement », déclare Mme Zab Maboungou, directrice de Zab Maboungou/Compagnie Danse Nyata Nyata, qui est aussi professionnelle en danse, chorégraphe, enseignante et productrice reconnue sur le plan international et récipiendaire du Prix de la diversité culturelle de Montréal pour la danse, octroyé en 2015 par le Conseil des arts de Montréal.

Mme Maboungou réfère au Plan d’action sur la diversité culturelle 2016-2019 du CALQ, qui s’engage à « améliorer l’accès au financement … pour les artistes et organismes “issus de la diversité” » et à « améliorer la représentativité de personnes “issues de la diversité culturelle” au sein du CALQ et ce, pour toutes les catégories d’emploi ».

« Nous deux organismes, Sinha Danse et Zab Maboungou/Compagnie Danse Nyata Nyata, possèdent plus de 25 ans de présence et de reconnaissance par nos clients, les organismes gouvernementaux, les fondations privées et d’autres, mais nous nous retrouvons aujourd’hui au bas de l’échelle de subvention du CALQ, contrairement aux organismes de danse « blancs » qui ont été actifs depuis moins de 10 ans », dit Roger Sinha, un danseur, chorégraphe, enseignant et producteur qui a reçu le Prix de la diversité culturelle en danse de 2016.

Pour Teesri Duniya, un groupe de théâtre qui a produit de nombreuses pièces à caractère multiracial depuis plus de 20 ans, le problème se situe au niveau des critères de subvention et du processus décisionnel au sein du CALQ.

« Certains critères de subvention doivent être examinés de près car ça n’a aucun sens que notre qualité professionnelle soit reconnue par les conseils des arts fédéral et municipal alors que le conseil des arts provincial fait le contraire, » souligne Rahul Varma, directeur artistique du Teesri Duniya.

«Nous avons souvent l’impression d’être traités comme si nous sommes inférieurs, étrangers et non-professionnels car nous présentons les diverses cultures asiatiques, dans une ville où les différentes communautés asiatiques sont en croissance et dans un monde de connections croissantes entre le Québec et l’Asie », note Khosro Berahmandi, directeur artistique du Festival Accès Asie, dont la demande de subvention a été entièrement rejetée par le CALQ.

Certains organismes ont discuté avec le CRARR au sujet de la nécessité de recours juridiques contre le racisme systémique dans les décisions du CALQ.

« Nous étudierons de près la composition du conseil d’administration, du personnel et des jurys du CALQ », précise Fo Niemi, directeur général du CRARR. « Le processus de sélection des membres du jury, leurs caractéristiques raciales et linguistiques et leurs compétences relatives à l’évaluation des projets artistiques issus de cultures diverses sont des facteurs pertinents ».