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LA COMMISSION DES DROITS DE LA PERSONNE RECOMMANDE 164 000 $ AUX 15 TRAVAILLEURS CHINOIS VICTIMES DE RACISME AU TRAVAIL


Montréal, le 23 septembre 2009 --- Quinze travailleurs manufacturiers d'origine chinoise se verront accorder un total de 164 000 $ en dommages pour avoir subi des actes assimilables à  du racisme de la part de leur employeur, selon le verdict rendu par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) du Québec.

En juillet 2006, une quarantaine de travailleurs chinois employés par Calego International Inc., une entreprise montréalaise spécialisée dans la fabrication de sacs à  dos et d'autres produits pour enfants, ont reçu l'ordre de se rassembler pour une rencontre avec le président, Stephen Rapps. Devant tous les employés de l'entreprise, celui-ci les a alors spécifiquement blâmés pour les conditions insalubres des lieux de travail. Il a alors déclaré « qu'ils n'étaient plus en Chine », leur a signalé « qu'ils devaient se laver chaque jour » et a commenté : « You Chinese eat like pigs ». Outragés, deux travailleurs se sont objectés, mais ont rapidement été sommés de se taire et agressés physiquement par un superviseur.

Plusieurs employés chinois ont alors décidé de quitter immédiatement les lieux. Ils sont revenus le lendemain afin de présenter à  la direction une liste de quatre conditions exigées pour qu'ils acceptent de réintégrer leur poste. Ces demandes incluaient des excuses publiques sous forme écrite de la part du président, la mise en place de conditions de travail plus adéquates et une compensation pour l'atteinte à  leur dignité. La compagnie a refusé d'accéder à  ces requêtes et plusieurs employés ont démissionné sur-le-champ de leur poste.

Dans une plainte déposée au nom de ces 15 travailleurs, le CRARR demandait à  la Commission des droits d'enquêter et de déclarer qu'ils avaient été victimes de discrimination raciale étant donné qu'ils avaient été spécifiquement blâmés pour l'état des conditions de travail générales de l'entreprise (alors que les travailleurs d'autres origines ne l'ont pas été) et exposés à  des insultes racistes. Le CRARR réclamait 10 000 $ en dommages moraux et punitifs pour chacun des travailleurs (en plus d'un montant additionnel de 5 000 $ pour chacun des deux travailleurs agressés) de même que des excuses écrites pour les travailleurs lésés ainsi que pour l'ensemble de la communauté chinoise de Montréal.

Dans sa décision transmise la semaine dernière aux parties, la CDPDJ conclut qu'effectivement, ces travailleurs ont été victimes de racisme en milieu de travail et recommande le versement d'une somme de 10 000 $ à  chacun des 15 travailleurs lésés, un montant additionnel de 7 000 $ pour chacun des deux travailleurs agressés et la mise en place de mesures pour mieux faire respecter les droits de la personne en milieu de travail. Au total, Calego International, son président, un superviseur et l'Agence Vincent (l'employeur du superviseur) seront donc obligés de verser 164 000 $ à  ces 15 travailleurs.

Il s'agit du montant total en dommages le plus élevé jamais recommandé par la CDPDJ depuis sa création, pour un cas de racisme.

Pour Mme X. Ma, l'une des travailleuses victime de discrimination, « C'est une question de fierté et de dignité pour tous les travailleurs chinois, pour tous les travailleurs immigrants du Québec et du reste du Canada ».

Quant à  M. H. Yong, un autre employé lésé, il estime qu'il s'agit « d'une grande victoire pour le peuple chinois dans le monde ». « Les gouvernements et les peuples dans le monde ne doivent pas appuyer les entreprises canadiennes qui traitent encore leurs employés chinois comme des esclaves et si elles ne prennent pas les mesures nécessaires pour s'excuser et dédommager les personnes discriminées ».

Pour le directeur général du CRARR, M. Fo Niemi, cette décision lance un message très fort à  tous les employeurs du Québec, notamment à  ceux du secteur manufacturier, où l'emploi de main-d'oeuvre immigrante est très important : « À l'ère de la mondialisation, le racisme en milieu de travail peut vous coûter cher ».

Cette décision revêt une autre importance pour les Montréalais, en particulier pour ceux qui sont d'origine asiatique (156 000 selon le Recensement de 2006) et spécialement ceux d'origine chinoise (83 000) qui contestent rarement les actes de discrimination et racisme dont ils sont victimes.

« Nous espérons que toutes les personnes d'origine asiatique de Montréal feront ce que nous avons fait : déposer des plaintes et faire valoir nos droits lorsque nous sommes victimes de racisme. Il ne faut plus avoir peur », affirme M. Y. He , l'un des travailleurs chinois lésés.

Les personnes mises en cause ont jusqu'au 2 octobre pour se conformer à  la recommandation de la CDPDJ, à  défaut de quoi celle-ci portera l'affaire devant le Tribunal des droits de la personne du Québec.