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RACISME EN MILIEU UNIVERSITAIRE QUÉBÉCOIS : UNE ÉTUDIANTE ARABE VICTIME DE PROCÉDURES IRRÉGULIÈRES DANS SES ÉTUDES À L'UQÀM


Montréal, le 12 mai 2010 --- Une étudiante d'origine arabe a mené l'UQÀM et deux professeures-superviseures devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse après avoir été victime de traitements arbitraires et inéquitables dans l'évaluation de son stage.

Originaire d'Algérie, Mme L.M., 40 ans et musulmane portant le voile (hijab), s'inscrit au programme de baccalauréat en enseignement de l'anglais langue seconde de l'UQÀM en 2003. À son arrivée à  Montréal, elle possédait sept ans d'expérience en enseignement de l'anglais aux niveaux secondaires et universitaires dans son pays natal. Elle parle l'arabe, le français et l'anglais. Ses deux premières années d'études à  l'UQÀM se déroulent bien ; elle a même réussi deux cours-stages en 2005 et 2006 sans difficulté, obtenant un B et ensuite un A.

En 3e année durant l'automne 2007, L.M. doit faire un stage d'enseignement pratique dans une école secondaire à  Montréal qui dure 5 semaines. Elle a reçu la visite de deux superviseures différentes, D.G. et L.Ms., qui l'évaluent et lui donnent une note d'échec. Constatant que les attitudes de ces superviseures ont été souvent fort négatives et biaisées à  son égard, et que certaines procédures relatives au déroulement du stage n'ont pas été respectées par ces deux personnes, elle dépose alors en février 2008, une demande de révision de note auprès de la directrice du Programme de l'enseignement des langues secondes, J.G. à  la suite du refus de sa demande de modification de note par sa professeure-superviseure D.G.

Un comité de révision de note se réunit le 25 mars 2008 pour étudier son dossier. Presqu'un mois après, L.M. reçoit le formulaire de demande de révision de note, signé par la directrice du département de linguistique et didactique des langues L.G., l'informant que la note d'échec est maintenue par le Comité. Cependant, ce formulaire est signé le 23 mars, soit deux jours avant la réunion du Comité; de plus, L.M. obtient le procès-verbal du comité qui ne contient aucun motif de sa décision et ce, contrairement aux règlements de l'UQÀM (le Comité entend les parties en privé et séparément).

En septembre 2008, L.M. demande l'intervention de l'Ombudsman de l'UQÀM, M.B., qui lui suggère à  la fin de sa rencontre avec elle en novembre 2008 d'aller discuter de la reprise du stage avec la même professeure-superviseure que L .M considère comme étant biaisée dans son évaluation. S'interrogeant sur l'impartiliaté de l'Ombusdman, L. M. n'a pas suivi son conseil. De plus, elle n'a eu aucun suivi de la part de l'Ombudsman après cette réunion.

Le CRARR est saisi du dossier en juillet 2009 et sollicite une rencontre avec l'Ombudsman, afin de discuter des irrégularités dans le processus d'évaluation et de révision de note, notamment le fameux formulaire confirmant la décision du comité de révision de note deux jours avant la tenue de ce dernier. Après avoir vu ce formulaire, l'Ombudsman s'engage sur place à  faire des démarches pour qu'un autre comité de révision soit constitué, ce qui est fait en octobre 2009.

Or, deux jours avant sa comparution devant le Comité, L.M. reçoit par courriel tous les documents d'évaluation datés de 2007 pour cette deuxième audience. Sans avoir le temps d'analyser toute l'information, elle prend connaissance, pour la première fois, des commentaires de ses superviseures relatifs à  son stage en 2007, qui confirme davantage les biais et sa perception à  l'effet que le processus d'évaluation et de traitement de sa demande de révision de note est truffé de partialité, d'iniquité et de vices de procédure.

En outre, les évaluations contiennent des propos et reproches qui selon L.M. et plusieurs autres personnes, démontrent un manque flagrant d'objectivité professionnelle. En particulier, le commentaire d'une des superviseures est explicitement discriminatoire à  son égard et porte directement atteinte à  son intégrité personnelle et professionnelle :

I suspect that an adult anglophone could have come in off the street and, with a copy of the grammar rule in hand, given the same lesson, and perhaps in a more intelligent, sensitive way.

Bouleversée par ces propos dont elle prend connaissance presque deux ans après avoir eu la note d'échec, L.M. mandate le CRARR de déposer une plainte de discrimination contre l'UQÀM, réclamant des dommages matériels, moraux et punitifs pour discrimination et perte de chance, ainsi que la demande d'apporter des réformes aux procédures d'évaluation de stage, de révision de note et au processus d'intervention de l'Ombudsman.

« Malgré mes dix ans d'études et mon expérience en enseignement de l'anglais comme langue seconde dans mon pays natal et à  Montréal, on dit maintenant que n'importe quel adulte anglophone pris dans la rue pourrait enseigner de manière plus intelligente et sensible que moi. Juste le fait d'oser écrire et d'accepter ce propos dans une évaluation formelle de stage dit beaucoup sur la façon de penser et attitude des personnes impliquées face à  une personne appartenant à  une minorité ethnique », dit-elle.