Fondé en 1983 --Unis pour la diversité et l'égalité raciale

RACISME EN MILIEU UNIVERSITAIRE : UN ÉTUDIANT FRANCO-ARABE À SHERBROOKE VICTIME DE TRAITEMENTS ARBITRAIRES DANS SES ÉTUDES


Montréal, le 5 mai 2010--- Un étudiant français d'origine arabe vit sans revenu et sans soutien à  Sherbrooke après avoir été victime de traitements inéquitables par son professeur depuis septembre 2009.

M. T.M., 31 ans et musulman, est venu de l'Université de Bristol, R.U., en août 2008 pour s'inscrire dans un programme de doctorat au sein du Département de physiologie et biophysique, de la Faculté de médecine et de la santé, à  l'Université de Sherbrooke. Bénéficiant d'une bourse annuelle de 20 000 $, il mène sa recherche sur le rôle et la distribution du courant sodique dans la fonction cardiaque, sous la supervision du professeur R.D. La durée d'une recherche doctorale de ce type dure normalement entre 3 et 5 ans.

Après quelques mois, il commença à  vivre des difficultés avec son superviseur et ses collègues de travail, notamment suite à  l'arrivée d'un autre étudiant d'origine française. Se sentant marginalisé, mal encadré et peu soutenu dans ses travaux, M. M. fut formellement avisé par son superviseur de sa faible performance et lui a imposé certaines obligations de résultats qui n'ont pas été imposées à  l'autre étudiant. Plus tard, son superviseur mettra fin à  la relation de travail en septembre 2009, ce qui prive M. M. de revenu, de lieu de recherche, de moyens de poursuivre sa carrière et de subsister. Il n'a aucune famille au Québec ni moyen de travailler avec son permis d'étude.

Constatant que son renvoi a été arbitraire et contraire aux règlements facultaires (dont une exigence de trois avis écrits avant le renvoi, alors qu'il n'y en a eu qu'un seul dans son cas), M. M. a interpellé la Protectrice des droits des étudiantes et étudiants de l'Université, Mme Soucila Baroudine.

Après enquête, celle-ci livra, en décembre 2009, un rapport accablant à  l'endroit de l'Université, dans lequel elle a noté le non-respect de plusieurs procédures menant à  la destitution de la Victime. Selon elle, M. M. n'a pas :

1) « pu évoluer dans un environnement propice à  la réussite de ses études et n'a pas pu bénéficier des conditions d'apprentissage et d'études adéquates » ;
2) « pu bénéficier d'une évaluation juste et équitable » et
3) « eu la possibilité de redresser sa situation dans un délai et dans des conditions raisonnables, ce qui contrevient au droit à  un environnement de qualité ».

À titre de mesures de redressement, la Protectrice des droits recommande à  l'Université :

1) d'honorer les engagements financiers contractés par le superviseur de M. M. conformément à  l'entente de bourse annuelle signée en août 2009 ;
2) d'assumer les frais de scolarité que M. M. a eu à  débourser durant la session d'automne 2009 et
3) de lui « assurer les conditions nécessaires à  la poursuite de ses études doctorales dans un environnement favorable à  la réussite des études ».

Ce qui a surpris M. M. est le fait que dans ses constats portant sur les aspects dysfonctionnels de ses relations d'étude, la Protectrice des droits note qu'apparemment selon ses collègues, il « possède un débit de langage saccadé exigeant plus d'effort et d'attention de la part de ses interlocuteurs » (M. M. parle avec un accent français). En outre, elle rapporte que ses collègues, semble-t-il, considèrent que M. M. « n'est pas intégré », à  cause de plusieurs dynamiques interpersonnelles au sein du groupe de recherche dans lesquelles sa croyance musulmane a eu comme effet de le marginaliser et de l'exclure de plusieurs occasions sociales.

En avril 2010, il attendait encore la réaction de l'Université, malgré plusieurs démarches en vain auprès des représentants de la direction de l'institution depuis janvier. Entre-temps, il ne peut payer son loyer et n'a pas les moyens nécessaires à  sa survie ou pour retourner en France.

Considérant que son origine ethnique et sa foi ont été des facteurs menant aux difficultés rencontrées dans ses études, et à  la violation des règlements facultaires et des procédures administratives si évidentes, M. M. a demandé au CRARR de déposer une plainte de discrimination contre l'Université de Sherbrooke, réclamant plus de 100 000 $ en dommages pour discrimination, perte de chance et négligence.

« Chercheur scientifique avec une carrière prometteuse en Europe, je suis devenu après un an au Québec, une personne incompétente, « non intégrée », « possédant un débit de langage saccadé », sans emploi, sans revenu et bientôt sans abri », déplore M. M. qui se dit trahi dans sa confiance et ses sacrifices.

« La discrimination et les violations des procédures administratives dont je suis victime au sein de l'Université de Sherbrooke ont ruiné ma carrière sans compter l'inaction de la direction de l'Université qui m'a choqué. Les étudiants arabes qui veulent faire leur spécialisation au Québec doivent faire attention : pensez-y dix fois avant de venir ici ! »