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LE TRIBUNAL DES DROITS DE LA PERSONNE CONDAMNE DEUX FEMMES À PAYER 25 000 $ AU COUPLE D'ORIGINE INDIENNE AGRESSÉ CAUSE DE LEUR RACE


Montréal, le 14 décembre 2006 --- Deux femmes blanches qui ont agressé un couple montréalais d'origine indienne en juillet 2002 au Parc Angrignon doivent verser 25 000,00 $ en dommages moraux et punitifs, selon le Tribunal des droits de la personne du Québec dont le jugement a été rendu public hier.

Il s'agit d'un jugement important au Québec en matière de crimes haineux parce qu'il établit un précédent en matière de dommages en cas de violation violente des droits garantis par la Charte des droits et libertés de la personne.

En juillet 2002, M. Somen Chowdhury, gestionnaire en recherche chez Bell Helicopter et Mme Sumita Chowdhury, deux Canadiens d'origine indienne, sont allés au Parc Angrigon pour un pique-nique avec leurs amis. Dès leur arrivée au parc, ils sont confrontés à  trois jeunes hommes et deux jeunes femmes, anglophones de race blanche, qui leur lance des insultes racistes (« F-g Pakis », « Go back to your country »). Les deux femmes qui se mettent à agresser physiquement M. Chowdhury, sont rejoints par leurs compagnons qui l'agressent à leur tour. Après leur méfait, les agresseurs s'enfuient en voiture mais sont interpellés par la police après.

Des accusations de voies de fait ont été portées contre mesdames Christine O'Toole et Karen McDonald; les agresseurs mâles n'ont pas été clairement identifiés et n'ont pas été par conséquent traduits en justice. En février 2005, ces dernières ont été déclarées coupables à  la Cour municipale de Montréal, avec une peine de 2 mois de prison à être purgée dans la collectivité et deux ans de probation.

Au nom du couple, le CRARR a déposé, en novembre 2002, une plainte de violation des droits de la personne contre les cinq agresseurs, réclamant, entre autres, 50 000 $ en dommages moraux et 50 000$ en dommages punitifs. N'ayant pu identifier avec certitude les agresseurs mâles, la Commission a retenu seulement les deux femmes comme responsables, réclamant de chacune, dans une décision datée du 13 mai 2005, 12 000 $ en dommages moraux et 2 000 $ en dommages exemplaires. L'audience devant le Tribunal des droits de la personne a eu lieu le 22 septembre 2006.

Dans son jugement, le Tribunal déclare que les femmes sont solidairement responsables de l'agression contre le couple et ordonne qu'elles payent 13 500 $ à  M. Chowdhury et 11 500 $ à  Mme Chowdhury.

Pour le couple, il s'agit d'un message puissant pour l'ensemble de la société, à  l'effet que le racisme et les crimes haineux ne doivent être aucunement tolérés.

« Même si la justice a été lente, nous félicitons la Commission des droits de la personne, notamment son avocat Me Pierre Moretti, ainsi que le Tribunal des droits de la personne d'avoir su faire preuve de fermeté dans leurs décisions. Nous sommes contents d'avoir contribué de manière concrète, à  la quête pour la justice et l'égalité pour les victimes d'actes haineux au Québec », dit M. Chowdhury.

Quant au directeur général du CRARR, M. Fo Niemi, il s'agit d'une mission accomplie.

« Les Chowdhury sont devenus des héros de leur communauté, des modèles pour les Québécois et les Québécoises. Ils sont aussi un symbole pour les victimes d'actes criminels, car il est tellement rare que ces victimes, surtout les victimes de violence raciste, poursuivent avec tant de tenacité leurs agresseurs pour que cela n'arrive pas aux autres », dit-il.

Le couple Chowdhury a annoncé aujourd'hui qu'il versera tout le montant de dommages au CRARR pour permettre à celui-ci de continuer à aider les victimes de discrimination.

Un autre cas d'agression raciste, piloté par le CRARR et impliquant un Montréalais de race noire qui a été poignardé par deux néo-Nazis en 2002, sera entendu par le Tribunal des droits de la personne en 2007, dans lequel la Commission des droits de la personne a réclamé 50 000 $ de dommages pour la victime.