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LE TRIBUNAL DES DROITS DE LA PERSONNE EXIGE DU BAR LE SURF 16 000,00 $ DE DOMMAGES POUR DEUX HOMMES NOIRS DISCRIMINÉS


Montréal, le 14 mars 2007 --- Le Tribunal des droits de la personne du Québec a condamné le Bar Le Surf et les employés impliqués de verser 8 000,00 $ à  chacun des deux hommes noirs à  qui l'on a refusé le service à  cause de leur race.

En septembre 2003, MM. Seydou Boubacar Diallo, garde de sécurité et Mamadou El Bachir Gologo, étudiant universitaire, se sont présentés au Bar Le Surf à  Longueuil, une municipalité au sud de Montréal. Les deux hommes se sont vus refuser le service car le personnel du bar avait pour instruction du propriétaire de ne pas servir les hommes noirs. Selon le gérant, le bar a eu des problèmes de criminalité avec des Noirs, d'où le refus de service à  ces personnes.

Ne pouvant pas les faire revenir sur leur décision, M. Diallo est retourné quelques jours après, avec M. Stéphane Alarie, journaliste du Journal de Montréal, qui s'est déguisé en Noir. Les deux se sont faits refuser le service (la conversation a été enregistrée et publiée le 3 octobre 2003, dans le cadre d'une série de reportage sur le racisme). Le CRARR a logé des plaintes au nom des deux hommes auprès de la Commission des droits de la personne.

Dans sa décision de juillet 2006, la Commission a exigé du Bar et des 3 employés impliqués 25 000 $ en dommages moraux et punitifs. Dans le jugement daté du 8 mars dernier, le Tribunal maintient le principe de responsabilité solidaire et ordonne aux personnes mises en cause de verser à  chaque victime 5 000 $ en dommages moraux et 3 000 $ en dommages punitifs, avec intérêts. Le Tribunal a aussi ordonné au Bar de développer, de mettre par écrit et de distribuer une « politique efficace » contre le racisme.

Pour M. Diallo et le directeur général du CRARR, Fo Niemi, il s'agit d'un message fort et clair du Tribunal contre le racisme dans les services et les établissements commerciaux au Québec, bien qu'ils constatent que les dommages moraux aient pu être plus élevés, étant donné « l'intensité de l'humiliation subie » par les deux hommes.

« En 1993, le Tribunal a ordonné 2 000 $ en dommages moraux pour chacun de deux hommes noirs à  qui on a interdit l'accès à  un restaurant; quatorze ans plus tard, on est à  5 000 $. Ça prend longtemps pour que les dommages deviennent plus sévères et substantiels pour avoir un véritable effet dissuasif », déclare monsieur Niemi avec une certaine déception.

Quant à  M. Diallo, « 8 000 $ pour discrimination et atteinte à  ma dignité après trois ans, ce n'est pas beaucoup; mais l'essentiel, c'est que nous avons eu gain de cause et que ce jugement devra inciter d'autres Noirs victimes de racisme à  faire valoir leurs droits à  l'égalité ».