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RACISME SYSTÉMIQUE DANS L’EMPLOI À MONTRÉAL-NORD : INACTION ET AVEUGLEMENT VOLONTAIRE DE LA VILLE



Montréal, 7 octobre 2020 — La mairesse de Montréal Valérie Plante et la mairesse de Montréal-Nord Christine Black, bien que parfaitement au courant des allégations de racisme systémique dans l’emploi qui sévit depuis des années dans l’arrondissement, laissent, par leur inaction, se perpétuer la discrimination raciale au sein de l’appareil municipal.

Telle est la conclusion du CRARR en l’absence de réponse des deux mairesses à la lettre que le CRARR leur a adressée le 14 septembre dernier au sujet des allégations de racisme systémique qui touche une quarantaine de cols bleus de l’arrondissement.

Au mois de décembre dernier, un regroupement d’employés noirs et d’autres communautés racisées qui travaillent au sein de l’arrondissement de Montréal-Nord a publiquement dénoncé le traitement discriminatoire qu’ils reçoivent dans leur emploi, et notamment la difficulté d’obtenir la certification de compétence pour certains postes mieux rémunérés.

Depuis cette sortie publique, l’employeur la Ville de Montréal et le Syndicat des cols bleus regroupés se sont entendus pour mener une enquête conjointe sur ces allégations. Alors que le syndicat a nommé au mois de mars dernier, un enquêteur externe et indépendant pour débuter l’enquête, du côté de l’employeur, le bureau du Contrôleur général de Montréal est demeuré inactif et silencieux.

À ce jour, le Contrôleur général n’a pas encore déclenché l’enquête à laquelle la Ville s’est engagée et ce, pour des raisons inexpliquées.

Le 14 septembre 2020, le CRARR avait écrit aux deux mairesses pour leur demander de l’informer « dès que possible, des dispositions qu’elles entendent prendre pour que leur enquête débute dans les plus brefs délais et la date de ce début ». Le CRARR leur demandait également « quelles seront les garanties envisagées pour assurer que l’enquête sera menée avec le sérieux, la rigueur et l’impartialité qui s’imposent afin que la situation de racisme systémique soit exposée avec objectivité et transparence ».

Trois semaines plus tard, à part des accusés de réception laconiques, le CRARR n’a reçu aucune réponse à ses questions.

« Le silence et l’inaction des mairesses sont très préoccupantes. Ils remettraient en question la volonté réelle de leur engagement à lutter contre le racisme systémique, largement médiatisé en juin dernier avec la publication du rapport de l’Office de consultation publique de Montréal sur le racisme systémique », déclare le directeur général du CRARR, Fo Niemi.

L’OCPM a souligné dans son rapport que « le Contrôleur général semble être devenu le principal interlocuteur d’allégations concernant des personnes racisées » mais que « la perception d’opacité du processus entourant les interventions du Contrôleur général n’est pas de nature à maintenir la confiance nécessaire pour garantir un milieu de travail sain ».

La différence est frappante entre la vigueur et la rapidité avec laquelle le Contrôleur général a agi dans le dossier de harcèlement psychologique dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges – Notre-Dame-de-Grâce et les neuf mois d’indifférence dans le cas du racisme systémique dans l’emploi à Montréal-Nord.

« Si le bureau du Contrôleur général ne peut être perçu, ou s’il ne l’est pas dans les faits, un mécanisme efficace, impartial et indépendant de traitement des plaintes, comment un employé municipal racisé pourrait-il encore avoir confiance en son employeur pour corriger ou prévenir le racisme dans son milieu de travail ? », se demande M. Niemi.

Le CRARR réitère auprès des mairesses Plante et Black leur obligation tant morale que légale de mener l’enquête sur Montréal-Nord à laquelle elles se sont engagées depuis 9 mois et d’assurer à leurs employés racisés, des conditions de travail équitables, justes et respectueuses.