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PROFILAGE RACIAL À REPENTIGNY : 11 500 $ EN CONTRAVENTION POUR 9 JEUNES NOIRS, 0 POUR LES JEUNES BLANCS


Montréal, le 26 juillet 2020 — Neuf jeunes noirs de Repentigny se sont vus remettre des billets de contravention totalisant la somme de 11 500 $ par les policiers de Repentigny, pour avoir refusé d'obéir à l'ordre de ne pas se rassembler à l'extérieur, alors que les jeunes blancs se trouvant dans la même situation ont reçu un simple avertissement.

Le 22 mai dernier, plusieurs jeunes noirs se trouvaient cette soirée-là un peu partout dans le Parc de la Seigneurie, incluant les 9 jeunes en question qui jouaient au basket, alors que d'autres étaient assis, jasant sur les bancs à côté du terrain de basket. D'autres jeunes étaient plus loin à « dribler » avec leur ballon de soccer en suivant des cônes qu'ils avaient mis sur le gazon. Il y avait aussi des jeunes blancs qui jouaient au tennis sur le court à côté du terrain de basket où jouaient les jeunes noirs.

Alors que quelques jeunes noirs s'apprêtaient à partir, 4 voitures de police (2 policiers par voiture) sont alors arrivées de chaque coin de rue du parc, cernant tous les jeunes noirs afin qu'ils ne puissent avoir la possibilité de partir.

Les policiers ont expliqué aux jeunes noirs qu’ils répondaient à une plainte d’un citoyen et qu’ils n’avaient pas le droit de jouer au basket dans ce parc, ajoutant que seul le tennis était permis.

Les jeunes ont reçu au total 9 contraventions : 7 de 1 500 $ pour les jeunes de 18 ans et plus, et 2 de 500 $ pour ceux qui sont mineurs.

Environ 10 à 15 minutes après avoir quitté le parc, Carley (un des jeunes basketteurs) est repassé par l’endroit et a observé un groupe de jeunes blancs qui jouaient au basketball. Alors que Carley s’apprêtait à aller avertir ce groupe, une auto-patrouille du service de police de Repentigny arriva sur les lieux. Carley commença alors à filmer l’intervention des policiers avec les jeunes Blancs.

Quelques minutes après son arrivée, l’auto-patrouille quitta les lieux et les jeunes basketteurs blancs commencèrent à faire de même. C’est à ce moment que Carley approcha le groupe pour leur demander s’ils avaient eux aussi reçu des contraventions.

« Ils m’ont dit que les policiers leur ont dit qu’ils n’avaient pas le droit de jouer au basket, mais que cette fois-ci ils allaient seulement leur donner un avertissement ! Je n’en croyais pas mes oreilles ! », affirme Carley.

Selon John Alciné, un des parents des jeunes noirs, « Ici à Repentigny, nos jeunes sont des cibles de prédilection pour les policiers ! La tension entre les jeunes noirs et les policiers est palpable; ils ont peur de la police ! »

« Depuis environ 10 ans, les résidents noirs de Repentigny s’estiment victimes de profilage racial systémique. Que ce soit des contrôles d’identité et des arrestations injustifiées, des questions déplacées et de la filature de la part des agents du service de police de Repentigny, on nous traite comme des citoyens de seconde zone ! » martèle Pierre Richard Thomas, président du groupe des citoyens noirs de Repentigny.

Le CRARR appuie cette sortie et agira comme conseiller envers le groupe pour toute démarche ultérieure.

« Nous aimerions pouvoir assister les victimes à discuter de cette situation avec la directrice Dion du Service de police de la Ville de Repentigny avant d’y aller avec des recours légaux », déclare Alain Babineau, conseiller au CRARR et policier retraité de la GRC.

« Pour rétablir la confiance des jeunes noirs envers la police de Repentigny, ce serait une étape importante », renchérit-il.