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POLICE ET RACISME SYSTÉMIQUE : UNE COALITION DEMANDE DES RÉFORMES AU SEIN DU SPVM POUR METTRE FIN AU PROFILAGE RACIAL



Montréal, le 10 juin 2020 — Une coalition formée de groupes communautaires et étudiants, avec l’appui des conseillers municipaux de l’opposition, demande à la Ville de Montréal et à son service de police, le SPVM, d’adopter des réformes majeures afin d’éliminer le profilage racial et le racisme systémique dans la sécurité publique.

Lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui devant l’Hôtel de ville, la coalition a mis de l’avant un plan composé de cinq mesures destinées à intégrer la diversité, l’équité et l’antiracisme dans les opérations et les services du SPVM. Les cinq mesures sont :
1. Une politique de non-discrimination dans sur les interpellations policières;
2. Des audiences publiques sérieuses à de la Commission de la sécurité publique de Montréal sur cette politique;
3. L’obligation de porter des caméras pour tous les policiers sur le terrain;
4. Une politique sur la collecte et la publication de données basées sur la race et
5. La création d’un comité consultatif composé d’experts, de représentants communautaires et de policiers pour veiller à la mise œuvre de ces mesures.

L’automne dernier, le Conseil municipal a adopté à l’unanimité une motion demandant au SPVM de cesser les interpellations abusives des piétons, suite à une étude qui démontrait que les Autochtones, les Noirs et les Arabes étaient disproportionnellement ciblés par ces pratiques. Le SPVM avait alors promis d’émettre en mars 2020 une politique encadrant ces interpellations. Après avoir raté cette échéance, le directeur du SPVM, Sylvain Caron, a déclaré la semaine dernière qu’une politique sera publiée le 8 juillet prochain.

« Les problèmes systémiques demandent des solutions systémiques. Les cinq points que nous dévoilons aujourd’hui ne sont qu’un pas vers la tolérance zéro en matière de profilage racial », déclare Alain Babineau, conseiller du CRARR. « Les Montréalais ont besoin et méritent un service de police qui sert et qui protège et non qui discrimine ou marginalise ».

Ce plan reflète les revendications contenues dans la résolution déposée le mois dernier par le conseiller Marvin Rotrand au Conseil municipal. Cette résolution prône, entre autres, le recueil et la diffusion des données sur les interventions policières basées sur la race. Cependant, le Conseil n’a pas adopté la résolution et l’a référée à la Commission de la sécurité publique, où elle pourrait croupir pendant des mois.

« Les organismes des communautés noires veulent un changement et le veulent maintenant », déclare le président de l’Association jamaïcaine de Montréal, Mark Henry.

Pour Yvonne Sam, représentant le Black Community Resource Center, « On veut du changement, mais on veut aussi participer aux décisions. Il est temps que notre voix soit entendue pour mettre fin à la discrimination et à l’exclusion ».

« On se joint à cette coalition non seulement pour appuyer nos amis noirs, mais aussi parce que nous aussi, nous vivons le profilage racial », de dire Ramon Vicente, Vice-président externe de l’Association philippine de Montréal et des banlieues.

Quant à Isaiah Joyner, coordonnateur général de l’Union des étudiants de Concordia, la décision d’appuyer les revendications de réforme globale, est naturelle. « Étant donné l’historique de profilage racial qu’ont vécu nos étudiants sur le campus et hors-campus, nous en avons fait un devoir de dénoncer ce fléau, car assez, c’est assez », déclare-t-il.

Pour le conseiller Rotrand, on ressent de plus en plus le vent du changement, surtout après la grande marche du weekend dernier contre le racisme. L’an dernier, il a mis sur pied une coalition avec plus de 20 organismes des communautés autochtones et racisées qui milite encore pour le changement.

« Les revendications pour que la police abandonne ses pratiques discriminatoires sont de plus en plus fortes. C’est un véritable mouvement de fond, non partisan pour amener Montréal et le SPVM à prendre une nouvelle direction et adopter une nouvelle attitude envers nos minorités », dit-il.

Pour Lionel Perez, le chef de l'Opposition officielle à l'Hôtel de ville, le manque de leadership de la mairesse Valérie Plante est évident dans le dossier du profilage racial et des caméras portatives.

« Nous exigeons qu’une étude sérieuse de la nouvelle politique d’interpellation du SPVM soit faite par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), impartial, et non par la Commission de la sécurité publique. Et nous demandons à la mairesse de dévoiler immédiatement les conclusions de l’OCPM en ce qui concerne la consultation sur le racisme et la discrimination systémiques à Montréal », dit monsieur Perez, accompagné par les conseillers municipaux Mary Deros, Josué Corvil et Abdelhaq Sari.

« On peut travailler ensemble pour mettre fin au profilage racial, partout à Montréal, que l’on soit à Montréal-Nord ou dans l’Ouest-de-l’Île. La population de Montréal veut du changement et nous devons le lui apporter », déclare Renée-Chantal Belinga, conseillère d’arrondissement de Montréal-Nord, l’une des rares élues noires à Montréal.

« Le weekend dernier, nous avons entendu les maires de plusieurs municipalités et arrondissements tenir le bon langage et nous les avons vus poser un genou à terre. Maintenant, ils doivent agir pour appuyer les réformes globales proposées aujourd’hui », conclut Fo Niemi, le directeur général du CRARR.