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PROFILAGE RACIAL: UN CITOYEN NOIR A DÉPOSÉ UNE DOUZAINE DE PLAINTES CONTRE DES POLICIERS DE TERREBONNE



Montréal, 17 avril 2020 — La Ville de Terrebonne et une quinzaine de ses policiers sont visés dans une douzaine de plaintes de profilage racial déposées par le CRARR au nom d’un citoyen noir qui a été interpellé de manière récurrente sans motifs valables au volant de son auto.

« Pierre », un professionnel en finance dans la quarantaine qui poursuit des études universitaires, a été interpellé si fréquemment au volant de son auto immatriculée au nom de sa conjointe qu’il a décidé de se plaindre systématiquement auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse toutes les fois qu’il a fait l’objet d’une interception et d’une vérification policière dans la municipalité.

Entre la mi-septembre 2018 et la mi-août 2019, « Pierre », a été interpellé par des policiers au rythme de deux fois à trois fois par mois ou pour parfois, deux fois par jour. Le scénario est presque toujours le même : il conduit le véhicule de sa conjointe, un GMC Envoy, pour faire des courses ou conduire ses enfants à l’école, une voiture de police circulant en sens inverse le croise et fait un brusque demi-tour pour le prendre en chasse et l’arrêter pour prétendument vérifier ses papiers. L’autre pratique policière fréquente est celle où les policiers abandonnent leur point d’observation pour le prendre en filature.

Dans la plupart des cas, le prétexte utilisé par les policiers pour justifier l’interpellation est que le véhicule conduit par « Pierre », est enregistré au nom d’une femme.

« Pierre » se retrouve souvent avec une contravention qu’il n’a pas commise, comme avoir effectué un virage sans allumer son clignotant, ou encore pour l’utilisation du téléphone au volant alors qu’en fait il utilisait le téléphone pour enregistrer la conversation avec le policier une fois sa voiture arrêtée.

« Je suis « tanné » de ces tactiques de harcèlement et des motifs farfelus pour m’interpeller et remettre en question mon droit de circuler librement dans ma ville », dit-il.

« J’ai déjà vécu ailleurs qu’au au Québec, et jamais je n’ai été autant harcelé sans raison par des policiers », précise-t-il.

Douze plaintes de profilage racial ont déjà été déposées auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. En outre, neufs plaintes ont été déposées à ce jour auprès du Commissaire à la déontologie policière et trois autres le seront prochainement. Une fois les plaintes déposées, les interceptions diminuent.

Fait exceptionnel en déontologie policière, le Commissaire a ordonné des enquêtes sur toutes les plaintes, sans passer au préalable par l’étape de la conciliation, comme dans la grande majorité des cas qui lui sont soumis.

« Pierre », n’est pas la seule victime de profilage racial à être assistée par le CRARR devant la CDPDJ. L’organisme représente un autre citoyen noir demeurant dans une municipalité voisine qui a été interpellé à Terrebonne en juillet 2019, sous prétexte que la voiture qu’il conduisait appartenait à son épouse. Sa plainte est actuellement sous enquête par le Commissaire à la déontologie policière.

« L’interpellation des personnes de race noire par les policiers de Terrebonne est si anormale que l’on est en droit de se demander s’il ne s’agit pas d’une pratique délibérée et orchestrée pour envoyer le message que les citoyens de race noire sont personae non gratae à Terrebonne », a déclaré le directeur général du CRARR, Fo Niemi.

« Ce prétexte de vérifier la propriété du véhicule conduit par un homme de race noire est totalement factice et il est aussi utilisé par les policiers de Repentigny, Laval et Montréal. Il s’agit clairement d’une forme de discrimination raciale systémique », dit M. Niemi.

« Combien de conducteurs de race blanche conduisant l’auto de leur conjointe se font interpeler par des policiers ? », demande-t-il.

Le CRARR encourage les résidents et visiteurs noirs à ne pas hésiter à déposer des plaintes auprès de la CDPDJ et du Commissaire à la déontologie policière s’ils s’estiment victimes de profilage racial de la part des policiers de Terrebonne ou de toute autre municipalité.