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ASPERGÉS DE POIVRE DE CAYENNE ET ARRÊTÉS PENDANT LES FESTIVITÉS DU GRAND PRIX, LE CONDUCTEUR NOIR ET SON AMIE ENTREPRENENT DES RECOURS



Montréal, 21 novembre 2018 — L'homme noir et son amie, aspergés de poivre de Cayenne et arrêtés violemment par des policiers lors du Grand Prix à Montréal, veulent tenir non seulement ces policiers imputables devant la loi, mais aussi le superviseur du SPVM présent sur les lieux qui selon eux, aurait dû agir autrement pour éviter cet abus.

Le 9 juin dernier, Daniel Louis, 42 ans, et son amie Gertrude Dubois, dans la trentaine se trouvaient dans leur voiture sur la rue Sainte-Catherine Ouest en plein cœur des festivités du Grand-Prix dans le centre-ville. Comme plusieurs voitures klaxonnaient pour marquer la soirée du Grand-Prix, M. Louis s'est joint à la célébration. Le couple s'est fait rapidement entouré par un policier qui leur a demandé des pièces d'identité.

Pendant qu'il tentait d'avoir une conversation amicale avec ce policier et cherchait ces documents, M. Louis demandait au policier pourquoi il était la seule personne interceptée. Dans l'espace de quelques secondes, sans raison, sans avertissement et sans avoir le temps de rassembler ses papiers, le policier l'a aspergé de poivre de Cayenne à bout-portant dans les yeux.

Le jet était si puissant que Mme Dubois, qui était assise à côté de M. Louis et en train de lui parler, a elle aussi été aspergée. Dans un état de panique, celle-ci sorte de la voiture en douleur.

Dans quelques secondes, M. Louis s'est fait retirer violemment de la voiture par trois policiers qui refusaient de lui fournir des explications. M. Louis s'est fait rapidement menottés par un policier qui l'a menotté très fort et qui l'a projeté ensuite sur son véhicule.

Pendant ce temps, Mme Dubois a été aussi violemment détenue dès sa sortie de la voiture, projetée sur la voiture de M. Louis et menottée par une policière. On lui a forcé dans une voiture policière pendant qu'un policier examinait et photographiait sa carte d'identité; ensuite, on lui a enlevé les menottes et l'a libérée, sans offrir aucune aide pour ses yeux.

Le couple s'est trouvé après l'incident avec des blessures physiques et psychologiques, et la perte d'une bague et d'un collier. M. Louis a eu deux accusations criminelles (pour entrave et résister à l'arrestation) et deux billets de contraventions totalisant 888,00 $.

« Ce fut non seulement de la brutalité policière totalement injustifiée mais aussi, un abus de pouvoir forcément indéfendable », dit M. Louis. « Être l'objet de violence policière c'est une chose, mais être l'objet d'accusations criminelles pendant presque six mois m'oblige à me poser de sérieuses questions sur la couleur de la justice montréalaise », ajoute-il.

« Il est clair que les policiers ne nous traiteraient pas de manière aussi abusive, voire excessive, si nous n'étions pas Noirs », note Mme Dubois.

Outre une plainte en déontologie policière, Mme Dubois a mandaté le CRARR à déposer une plainte de profilage racial en son nom à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. M. Louis déposera les siennes dans les jours qui suivent.

Entretemps, le couple a appris que la Sûreté du Québec mène depuis cet été, une enquête criminelle au sujet des agissements policiers dans cette affaire, notamment à cause du fait qu'un vidéo captivant les images de l'arrestation de M. Louis montre un policier aspergé la foule avec du poivre de Cayenne.

En outre, le mois dernier, la Direction de la poursuite criminelle et pénale a informé M. Louis que les accusations criminelles contre lui seront retirées en échange du règlement des deux billets de contravention qu'il a contesté.

Selon Alain Babineau, conseiller au CRARR et ancien policier de la GRC, le couple Louis-Dubois n'aurait pas dû être arrêté, aspergé de poivre de Cayenne et les victimes de la force excessive.

« Les témoignages et le vidéo nous laissent croire qu'il y a eu effectivement, de zèle, d'abus de pouvoir, de force excessive et de manque de considération pour l'intégrité et la sécurité de la part des policiers impliqués », constate M. Babineau.

« Ce qui nous est très important dans cette affaire est le rôle du superviseur policier sur les lieux, qui aurait dû intervenir et prévenir ce genre d'abus et c'est aussi cet aspect que nous demanderons au Commissaire à la déontologie policière d'examiner », soutient M. Babineau.

Le CRARR a demandé dans la plainte déposée pour Mme Dubois que la Commission des droits examine le lien entre la force excessive, le manque de considération pour la santé et la sécurité du citoyen appréhendé et la race, une problématique souvent identifiée dans les cas d'intervention policière impliquant les personnes noires et que les tribunaux canadiens ont commencé à débattre. La même demande sera formulée dans la plainte pour M. Louis.