Fondé en 1983 --Unis pour la diversité et l'égalité raciale

SERVICE REFUSÉ ET EXPULSÉS D’UN TIM HORTONS, TROIS CLIENTS ARABES PORTENT PLAINTE POUR DISCRIMINATION



Montréal, 24 novembre 2016 — Trois clients parmi un groupe de consommateurs d’origine arabe qui se sont vus refuser le service puis ont été expulsés d’un Tim Hortons dans l’arrondissement de Saint-Laurent, ont décidé de déposer contre le restaurant des plaintes pour discrimination raciale.

Le 31 octobre dernier, vers midi, plusieurs clients d’origine arabe se trouvaient dans le restaurant Tim Hortons sur le boulevard Marcel-Laurin. Ces clients ne se connaissaient pas tous avant l’incident et certains d’entre eux fréquentaient déjà ce Tim Hortons sans avoir jamais eu aucun problème. Ce jour-là pourtant, à leur grande surprise et sans aucune raison, le gérant a refusé qu’ils soient servis ou terminent leurs consommations.

D’un ton agressif (« débarrasse-toé d’icitte ») et avec des gestes vexatoires, ce gérant, un individu dans la soixantaine, a ciblé environ sept personnes d’apparence arabe parmi une vingtaine de clients qui se trouvaient alors dans le restaurant, et il les a enjoints de quitter les lieux, sans donner de raison.

Lorsque certains d’entre eux ont insisté sur leur droit de rester dans le restaurant et de terminer de consommer ce qu’ils avaient commandé, le gérant a menacé d’appeler la police, et il l’a fait.

Plusieurs des clients visés ont alors quitté l’établissement, mais quatre d’entre eux sont demeurés sur place pour attendre l’arrivée des policiers. Deux policiers sont arrivés quelques instants plus tard. Après s’être entretenus avec le gérant du Tim Hortons, les policiers ont déclaré à ces quatre clients arabes qu’ils n’étaient plus les bienvenus dans le restaurant et qu’ils devaient partir. Ils ont ensuite été escortés à l’extérieur.

Ceux-ci se sont alors rendus au poste de quartier 7, proche du Tim Hortons, pour porter plainte contre le restaurant. Cependant, étant donné qu’il ne s’agissait pas d’un acte criminel, leur plainte n’a pas été acceptée.

« On n’a jamais été victime de racisme d’une manière aussi publique, abusive et humiliante », lance «Nabil », un étudiant en génie. « Le gérant du Tim Hortons n’a visé que les personnes d’apparence arabe. C’est du profilage racial pur et simple ».

« J’ai presque 40 ans et je n’ai pas été traité nulle part d’une façon aussi discriminatoire et humiliante », ajoute « Omar » un spécialiste en informatique. « On ne peut pas permettre ni tolérer un tel acte raciste dans une société civilisée, surtout dans une ville aussi multiethnique que Montréal, et en particulier dans un arrondissement à forte concentration moyenne-orientale comme Saint-Laurent ».

Trois des quatre hommes ont mandaté le CRARR pour les assister dans le dépôt d’une plainte pour discrimination raciale auprès de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Ils tentent de rejoindre les autres clients expulsés afin de les inviter à se joindre à eux dans la plainte.

Le CRARR réclamera des dommages moraux et punitifs en faveur des trois hommes, une excuse publique ainsi que l’adoption et l’affichage public d’une politique antiraciste à l’intérieur du restaurant Tim Hortons concerné.

« Il faut absolument sanctionner avec sévérité ces pratiques discriminatoires, qui ne devraient plus avoir cours au Québec en 2016. Et surtout se poser la question de savoir si un tel incident n’est pas révélateur d’un problème plus profond, c’est-à-dire, celui du profilage racial et du racisme systémique dans les commerces», déclare M. Fo Niemi, directeur général du CRARR.

« Nous faisons appel à la haute direction de Tim Hortons au Canada pour qu’elle s’assure qu’aucun racisme ni profilage racial ne soit pratiqué dans ses restaurants, et qu’elle prenne tous les moyens nécessaires pour réparer le tort causé à ces personnes par le comportement raciste d’un de ses gérants », conclut M. Niemi.