Fondé en 1983 --Unis pour la diversité et l'égalité raciale

PREMIERS RÉSULTATS TRIMESTRIELS: 65 000$ POUR LES VICTIMES DE RACISME



Montréal, le 29 mai 2015 - Au cours des trois premiers mois de l’année 2015, le CRARR a obtenu 65 000$ en faveur de ses clients qu’il a aidés en relevant des défis liés aux différents domaines de discrimination raciale. Au cours du dernier trimestre de 2014, le CRARR avait obtenu 62 000$ en faveur d’autres clients.

Ce montant représente les dommages obtenus suite à des décisions négociées devant le Tribunal canadien des droits de la personne, le Tribunal des droits de la personne du Québec, la Commission des relations du travail et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. Tous les clients qui ont obtenu des compensations sont des travailleurs noirs qui ont fait face à des discriminations de différentes sortes dans leur travail ou dans des affaires liées à des interventions policières, en raison de leur couleur ou de leur genre, à part pour l’un des cas qui concernait un homme de confession musulmane ayant fait l'objet de propos discriminatoires d'un professionnel.

Toutes les conditions des règlements sont confidentielles, incluant celles de Farid Charles, un homme anglophone de race noire qui a été violemment arrêté en 2010 et a qui on a remis une contravention pour « de pas être en mesure de justifier sa présence » alors qu’il attendait devant un restaurant caribéen à Lasalle son menu commandé. Un autre règlement important concernant le dossier des cinq agents de sécurité d'origine haïtienne dans un centre fédéral de détention qui ont fait l'objet de sanctions ou de menaces de sanctions pour avoir parlé entre eux en créole, ce qui était interdit par une politique sur l'usage des langues non-officielles en milieu d'emploi.

Au cours du premier trimestre 2015, le CRARR a reçu mandat de nombreux individus qui se considèrent victimes de discrimination basée sur la race, l’ethnicité, le genre, la religion, la langue ou un handicap et qui cherchaient l’aide nécessaire pour amener leur affaire devant les différentes commissions de droits de la personne ou toute autre agences publiques qui puissent assurer leur protection.

Certains des dossiers les plus notables, qui, nous l’espérons, conduiront à des précédetns en matière de défense des droits civils au Québec, incluent :

❏ Le cas d’Aisah Forsythe, une mère célibataire musulmane, anglophone, qui bénéficie de l’aide sociale qui a fait l’expérience d’un traitement discriminatoire de la part d’une employée d’Emploi-Québec au cours d’un entretien d’orientation professionnelle du fait qu’elle porte le hijab. Il ressort qu’il s’agit du second cas documenté de comportement discriminatoire fondé sur des motifs religieux et de genre envers une femme de confession musulmane de la part d’employés d’Emploi-Québec. Le ministère ayant refusé la médiation, le cas est présentement sous enquête.

❏ Le cas de Tia McNickle, une jeune femme noire anglophone qui travaille en tant qu’hôtesse au restaurant Madisons situé au Centre-Ville de Montréal et qui a été traitée de façon négative à son travail à cause de ses tresses africaines. Ce cas dans lequel la coiffure d’une femme noire sont au coeur d’une plainte pour discrimination serait le premier du genre au Québec, en soulignant que ce type de contentieux est courant aux États-Unis.

❏ Le cas de “Mei-Li”, une étudiante biraciale de l’Université Condordia qui a été la cible d’insultes racistes et sexistes et de langage violent à connotation sexuelle au sein de conversations Facebook impliquant le Président et le Vice-Président de l’association des étudiants dont elle était membre exécutif, mais qui a aussi été victime de traitements differentiels de la part de l’ensemble des autres membres exécutifs de l’association. Cette affaire soulève également la question de la responsabilité de l’Université (et son manquement) dans sa mission de protéger les étudiants du racisme et du sexisme, et serait le premier cas de culture du viol sur campus porté devant la Commission des droits de la personne.

❏ Le cas d’une femme musulmane dont le hijab lui a été retiré par les forces de l’ordre de Montréal, l’exposant à la vue de tous, pendant une intervention de police dans l’est de l’île. A cause d’une fausse dénonciation, cette femme qui rendait visite à son fils depuis le Maroc et qui revenait de la mosquée, a été détenue et a fait l’objet d’une fouille corporelle dans la rue, près du domicile de son fils. Lors de la fouille, un des policiers a retiré son hijab devant les membres masculins de la police. Ce cas pourrait conduire à l’élaboration de nouvelles règles concernant la procédure de fouille des femmes voilées musulmanes par la police.

Comme le mouvement « Black Lives Matter ¢ aux États-Unis, qui a concentré son travail sur le nombre important d’incidents mortels contre des hommes noirs africains impliquant la police, les questions de profilage racial et d’usage excessif de la force sur les Moirs montréalais ont aussi été soulevées dans de nombreux dossiers par le CRARR, tels que :

❏ Dans un cas de « Noir au volant », le célèbre chanteur Freddie James a été arrêté dans le West Island alors qu’il reconduisait, la nuit, son amie chez elle après une partie de soccer à bord de sa BMW. L’incident s’est terminé avec M. James violemment extirpé de son siège conducteur par deux agents de la police montréalaise alors qu’il parlait avec le standard du 9-1-1, violemment frappé et menotté. Après coup, il a été relâché et a reçu une contravention pour ne pas avoir donné aux policiers ses papiers au moment où ils les lui demandaient.

❏ Alors qu’elle sortait d’un concert qui avait eu lieu au théâtre de l’Olympia au centre ville de Montréal, la petite-fille de la légende des claquettes Ethel Bruneau, Majiza Philip, a été violemment frappée et arrêtée par la police alors qu’elle parlait à son colocataire qui était détenu à l’arrière de la voiture de police. Son bras a été cassé et a nécéssité une opération chirurgicale afin de le réparer en y mettant six vis et une plaque de métal. Alors qu’elle était en très grande souffrance à cause de son os cassé, elle a tout de même été gardée menottée à l’arrière de la voiture de police jusqu’à ce que l’ambulance arrive.

En plus des nouveaux dossiers ouverts durant ce court lapse de temps, le CRARR au aussi reçu des mandats de différentes personnes qui ont déposé des plaintes pour discrimination par elles-mêmes et qui ont dû solliciter l’assistance du CRARR dû à la complexité de leurs dossiers et/ou de leurs problèmes liés la procédure de plainte.

Le cas qui soulève le plus grand défi dans cette catégorie est celui de discrimination systémique sur la race et le genre dans l’emploi au sein de l’Université de Concordia, concernant la professeure d’anthropologie Sima Aprahamian dont le contrat a pris fin en 2013 à cause d’un système d’embauche et de règles de relations du travail qui créent apparemment des conséquences défavorafles disproportionnées pour les femmes et les personnes issues des minorités qui cumulent un nombre important de nominations à durée limitée au sein d’un syndicat.

Elle a d’abord déposé une plainte par elle-même devant la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, qui a voulu la rejeter à cause de l’incapacité de l’instance à cerner la nature systémique de son cas. L’intervention du CRARR a conduit les Commissaires à prendre la décision de poursuivre l'enquête au lieu de fermer son dossier.