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VICTIME D'AUSTÉRITÉ, LA COMMISSION DES DROITS DE LA PERSONNE AMPUTÉE DE SA RÉCEPTIONNISTE



Montréal, 27 mai 2015 - Depuis plus de six mois, la réception de siège social de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse est déserte.

Lorsqu'on arrive au 2e étage du 360, St-Jacques ou 361, Notre-Dame (entrée « accessible »), on se retrouve face à une cage de verre sans réceptionniste. En guise de pâle « remplacement », se trouve un téléphone avec au-dessus une affiche comportant les noms et numéros de poste du personnel. On est invité à téléphoner à la personne avec qui on a rendez-vous, si bien sûr on en a un. Puis, à côté, une petite boîte aux lettres identifiée avec une affichette « Plaintes ».

Bien que les instructions soient écrites dans les deux langues, aucun signe ou affiche en braille, faute de moyens financiers, semble-t-il.

En décembre 2014, la réceptionniste qui occupait ce poste depuis de nombreuses années et qui agissait dans les faits comme agente d’accueil, a quitté pour un congé de maternité. On ne l’a pas remplacée. À cause des mesures d’austérité, l’organisme n’a pas obtenu les crédits budgétaires pour trouver au moins un remplaçant à temps partiel.

Une personne non voyante, analphabète ou ne maîtrisant ni le français ni l’anglais sera laissée pour compte à la réception. Ces personnes peuvent, en principe, se considérer victimes de discrimination dans l’accès aux services de la Commission, en raison de leur handicap, de leur condition sociale ou de leur origine ethnique si elles n’arrivent pas à obtenir de l’aide ou au moins des informations en se présentant au siège social de la Commission.

« Déjà que nos bénéficiaires de chiens-guide sont souvent discriminés en raison de leur animal, pourtant considéré comme étant un moyen pour palier le handicap, ils le sont maintenant doublement en se retrouvant à la Commission des droits de la personne, devant une réception on ne peut plus déserte. » de commenter M. Noël Champagne, psychologue et porte-parole de la Fondation Mira.

« Drôle de situation pour une Commission des droits de la personne de n’avoir personne à la réception pour aider les victimes de discrimination », s’indigne Linda Gauthier, présidente du RAPLIQ. « C’est d’une aberration on ne peut plus incroyable. C’est là où le dicton : « Cordonnier mal chaussé » prend tout son sens ».

« Alors que le Québec s’apprête à fêter le 40e anniversaire de la Charte des droits et libertés de la personne, il ampute le budget de la Commission pour la rendre inaccessible pour plusieurs », note M. Fo Niemi, directeur général du CRARR. « Déjà, les dossiers d’enquête trainent pendant des années, faute de moyens financiers adéquats, ce qui signifie que la protection contre la discrimination n’est plus effective, selon les normes internationales».

Le RAPLIQ, la Fondation Mira et le CRARR demandent au Premier ministre Philippe Couillard et au Président de l’Assemblée nationale, M. Jacques Chagnon, d’intervenir pour rétablir un service de réception avec une personne au guichet, afin de répondre adéquatement aux personnes s’y présentant, et pour revoir la situation budgétaire de la Commission.