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« MON ADOLESCENCE DÉTRUITE PAR LA BRUTALITÉ ET LE RACISME », UNE JEUNE NOIRE POURSUIT SA PLAINTE CONTRE LE SPVM



Montréal, 24 avril 2015 — Une jeune femme d’origine haïtienne qui a été violemment battue et arrêtée chez elle par des policiers de Montréal en 2011 alors qu’elle n’avait que 14 ans, a rejeté l’offre de règlement de la Ville de Montréal.

Nandy Verderber, aujourd’hui âgée de 18 ans, demande que sa plainte pour discrimination fasse l’objet d’une enquête par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse. La plainte a été déposée avec l’aide du CRARR l’an dernier.

L’incident remonte à février 2011, au domicile de la mère de la victime, dans le secteur Nord-Ouest de Montréal. Au domicile se trouvent des membres de la famille dont Nandy (âgée alors de 14 ans), sa mère, son frère adolescent, une soeur de 8 ans, et aussi des membres de la famille de sa tante, dont sa tante, sa cousine Shannen (âgée de 14 ans, mesurant 5 pieds et pesant moins de 90 livres) et son autre fille âgée de 8 ans. Enfin il y a aussi une amie de la victime elle aussi âgée de 14 ans. Tous sont à l’intérieur de la maison quand des policiers arrivent à la recherche d'une jeune fille en fugue (qui n’est pas finalement localisée dans la maison). Toutes les personnes sont noires, sauf l’amie de la victime, qui est biraciale.

Les policiers procèdent à une fouille de la maison. Une bousculade a lieu, et la tension monte. Dans ce climat tendu, un policier sort sa matraque et frappe l’une des fillettes de 8 ans. Les policiers quittent la maison et ils sont rejoints par d’autres policiers venus en renfort.

Croyant que tout s’est calmé, la mère et le frère de Nandy sortent pour s’en aller vers leur voiture stationnée devant la maison. Les policiers sautent alors sur eux et les battent violemment. Quand Nandy, Shannen, leur amie et la mère de Shannen sortent pour voir ce qui arrive, elles sont battues avec des bâtons téléscopiques; la mère de Shannen, également battue sans justification, voit un pistolet pointé sur son visage. Certains policiers ont aussi pointé leur arme à feu vers les jeunes filles.

Les trois filles sont battues à qui mieux mieux, certaines frappées contre des voitures de police et l’une d’elle a sa tête enfouie dans la neige. Elles sont ensuite menottées et arrêtées. À l'exception de la mère de Shannen, toutes les jeunes filles ainsi que la mère et le frère de Nandy sont emmenés au poste de police, où ils sont détenus toute la nuit (sauf l’amie des filles) et ensuite, accusés pour plusieurs infractions, telles que les voies de fait sur un policier et entrave.

Pendant leur détention dans la voiture policière, Nandy et Shannen font face à des insultes de certains policiers qui les appellent « négresses »; un policier menace de les envoyer à l’orphelinat et un autre leur dit que « son chien est plus propre » qu’elles.

Nandy et son frère sont transportés le lendemain matin à un centre de détention juvénile et traduits en justice. Il est ensuite interdit à Nandy de rester avec sa mère ou de communiquer avec elle ou son frère, bien qu'elle soit proche de ces derniers.

Nandy subit les retombées néfastes de cette intervention brutale jusqu’au 5 février 2013, date à laquelle elle et sa cousine Shannen sont acquittées par la Cour du Québec suite au constat de la crédibilité et de la cohérence des versions des filles, et après le constat de lacunes de la preuve de la poursuite. Ainsi dans sa décision, la Cour déclare que :

« L'intervention est massive et agressive…. [M]ême en retenant que la version de la poursuite, frapper à coups de bâton téléscopique et tenir en joue les 2 adolescentes à la pointe d’un fusil apparaît nettement disproportionné… Si l'intervention policière avait été menée avec plus de discernement, le déroulement des évènements n'aurait pas mené à des accusations à l'endroit de Shannen et Nandy ».

Suite à cette intervention policière, Nandy a dû abandonner l’école et vivre des périodes fort difficiles dans sa vie familiale, étant donné qu’elle était sous interdiction de communiquer avec sa mère et son frère, dont les procès criminels continuent encore cette année.

« La police de Montréal a fait preuve de violence excessive et de racisme intolérable à notre endroit. Ces policiers ont détruit mon adolescence », dit Nandy.

« Jamais ma famille et moi auraient cru qu’au Canada, des femmes, des filles et des enfants noirs seraient battus et traités de manière aussi sauvage par des policiers », ajoute-t-elle. « On ne traitera pas certes les femmes et les enfants blancs de la même manière ».

Shannen et sa mère ont également porté plainte à la CDPDJ contre la Ville de Montréal. Leur dossier a fait l’objet d’un règlement l’automne dernier.