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LE TRIBUNAL DES DROITS DE LA PERSONNE ACCORDE 150 000 $ AUX 15 TRAVAILLEURS CHINOIS VICTIMES DE DISCRIMINATION



Montréal, le 19 avril 2011--- Quinze travailleurs chinois qui ont été victimes de discrimination raciale en emploi en juillet 2006 ont remporté une grande victoire devant le Tribunal des droits de la personne, qui leur a accordé un total de 150 000 $ en dommages moraux et punitifs.

Dans une décision de 64 pages rendue la semaine dernière, le Tribunal ordonne à  Calego International, une entreprise d'importation et de design de sacs à  dos; à  son président Stephen Rapps; à  l'Agence Vincent, une compagnie de recrutement du personnel et à  son propriétaire Vincent Agostino, de payer solidairement à  chaque travailleur 7 000 $ en dommages moraux. Le Tribunal ordonne également à  Calego et à  son président de payer 3 000 $ en dommages punitifs à  chaque travailleur en plus de mettre sur pied un programme de prévention de la discrimination et d'intégration des travailleurs immigrants.

« Nous sommes naturellement très contents après cinq ans de lutte pour l'égalité, et nous encourageons les travailleurs chinois et immigrants à  faire la même chose lorsqu'ils sont victimes de discrimination raciale », dit Mme Xiang Ma au nom du groupe.

Le cas remonte à  juillet 2006, lorsque les travailleurs chinois, tous des nouveaux arrivants au Canada, ont été convoqués à  une réunion par M. Rapps, qui les blâmait d'avoir créé des conditions insalubres dans la cuisine et les toilettes. Ces travailleurs ont été exposés à  des propos discriminatoires lorsque le président leur a dit à  l'effet que « Ici, on est au Canada, non en Chine. Tous les jours, on prend la douche et le shampoing, on se lave les mains avec du savon et vide la toilette après usage. Vous, les Chinois, vous mangez comme des cochons ». (traduction)

Insultés par ces remarques, plusieurs travailleurs ont protesté en quittant le travail; plusieurs sont revenus le lendemain pour demander des excuses et de meilleures conditions de travail. Leurs demandes étant refusées par l'entreprise, plusieurs ont démissionné et déposé ensuite une plainte de discrimination avec l'aide du CRARR.

Le Tribunal conclut que « les termes utilisés, la référence au standard canadien qui sous-entend la comparaison à  un autre standard, les propos infantilisants sur l'hygiène corporelle adressés aux travailleurs chinois sur un ton arrogant, condescendant et irrespectueux, sont en effet des propos blessants, humiliants, dégradants reliés à  l'origine nationale de ces travailleurs chinois, en conséquence discriminatoires ».

Après un examen de la preuve, des « témoignages clairs, convaincants et crédibles des quinze victimes » et du contexte historique et social de la discrimination raciale au Québec et au Canada, le Tribunal statue que les travailleurs ont été effectivement discriminés et leur accorde 10 000 $ chacun en dommages. Il rejette cependant leur demande d'une excuse écrite personnelle et d'une excuse à  l'endroit de la communauté chinoise publiée dans les journaux, étant donné le refus des défendeurs d'avoir tenu des propos discriminatoires et vexatoires.

« Avec cette décision, nous pouvons être de nouveau fier de notre origine chinoise et notre confiance à  l'endroit du système québécois de justice est regagnée », dit M. Yong Shan He, un autre travailleur.

« Il s'agit donc d'une des plus importantes décisions relatives au racisme dans l'emploi, et l'un des rares cas qui impliquent des Chinois et des Asiatiques, puisque ces personnes hésitent souvent à  porter plainte », ajoute le directeur général du CRARR, Fo Niemi.

« Comme le Tribunal l'a dit, les 150 000 $ en dommages, les intérêts et un programme obligatoire de prévention de la discrimination raciale en milieu de travail, sont « suffisants pour dissuader » la discrimination dans l'emploi », dit-il.



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